Alors que le climat politique reste chargé entre la France et l’Algérie, une nouvelle séquence vient ajouter de la tension dans la sphère gouvernementale. Cette fois, ce sont les déclarations de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et candidat à la présidence des Républicains, qui font réagir. En évoquant la nécessité d’un référendum sur l’immigration en France, dans un pays qui accueille historiquement un grand nombre d’Algériens, Retailleau ne s’attendait probablement pas à être si rapidement désavoué par Emmanuel Macron. Cette prise de position, perçue comme une tentative de séduire l’électorat conservateur, n’a pas été du goût du camp présidentiel, qui dénonce une dérive politique incompatible avec les responsabilités d’un ministre.
Bruno Retailleau a confirmé dans les médias, suite au « NON » de Macron sur un référendum sur l’immigration, ne pas être un macroniste, en dépit de sa position au sein du gouvernement français. Sur Europe 1, il a déclaré : « Je ne suis toujours pas macroniste », ajoutant qu’il avait « de vraies différences » avec le président, notamment « sur l’immigration ». Ces propos ont immédiatement provoqué des réactions dans les rangs de la majorité. Selon une ministre Renaissance citée par BFM, Retailleau serait « allé trop loin », en tenant des propos jugés « absolument anormaux ». Cette prise de distance, en pleine campagne pour la direction des Républicains, est mal perçue, d’autant que les électeurs d’origine algérienne de France suivent de près les débats sur l’immigration, souvent au cœur des tensions politiques.
La réaction dans les cercles proches d’Emmanuel Macron ne s’est pas fait attendre, selon BFM. Prisca Thévenot, députée et ex-porte-parole du gouvernement, a ironisé dans une boucle Whatsapp des élus : « Être contre le macronisme mais accepter de se faire nommer précisément par celui qui a créé le macronisme ? C’est beau la politique ». Une critique acide qui révèle un malaise plus profond au sein de l’exécutif. De nombreux membres du gouvernement français s’interrogent désormais sur la cohérence du maintien de Retailleau dans ses fonctions. Comme l’a résumé un proche de Gabriel Attal, « s’il ne se reconnaît pas dans ce que porte le Président, pourquoi est-ce qu’il reste ? ».
Depuis plusieurs semaines, Retailleau multiplie les signaux d’émancipation. Il s’oppose à la proposition de loi sur l’aide à mourir, évoquant une « rupture anthropologique », et conteste fermement la tenue d’élections législatives à la proportionnelle, pourtant souhaitée par François Bayrou et promise à plusieurs reprises par Emmanuel Macron. Un membre du gouvernement s’agace : « Vous ne pouvez pas vous exprimer à titre personnel quand vous êtes ministre. Quand les arbitrages sont rendus, vous en êtes solidaires ».
Le ton monte dans les coulisses du pouvoir. Sur un fil de discussion interne, le député Éric Bothorel ironise, toujours selon BFM : « Je propose de prononcer une OQTG (obligation de quitter le gouvernement). Ce deal avec les LR que certains ont poussé ici, c’est vraiment une mauvaise série, et toutes les saisons sont pourries ». Ludovic Mendes, un autre député de la majorité, renchérit avec sarcasme : « Donc il démissionne de son poste de ministre de l’Intérieur après sa victoire dimanche ? ».
La situation se complique alors que le congrès des Républicains approche. Si Bruno Retailleau venait à être élu à la tête du parti, les tensions risqueraient de s’exacerber davantage, notamment à l’approche des élections municipales. Devant les militants LR, il a tenté de rassurer en promettant qu’« il n’y aura pas d’accords d’appareils entre notre parti et d’autres formations politiques ». Une déclaration perçue comme un message direct à la macronie, et une manière de se positionner comme le garant d’une droite autonome et souveraine.
Au final, les Algériens de France se retrouvent une fois de plus pris au cœur d’un débat politique français où les clivages idéologiques se jouent sur fond d’identité, d’intégration et de stratégie électorale, et Retailleau, qui voulait s’imposer comme une voix forte sur l’immigration, se retrouve à contre-pied, isolé dans un gouvernement français qui voit ses manœuvres avec suspicion, tandis que les relations avec l’Algérie, déjà fragiles, s’en trouvent potentiellement affectées.