L’annonce a fait réagir jusque dans les foyers les plus précaires. Le 15 mai 2025, Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, a (encore une fois) proposé de limiter le versement du RSA à deux ans pour les personnes en âge de travailler, y compris pour les Algériens résidant en France. Si cette idée n’a pas encore été traduite en loi, elle suscite déjà de vives inquiétudes, notamment chez les Algériens de France, souvent en première ligne lorsqu’il s’agit de précarité. Même si la réforme reste à l’état de proposition, les données récentes fournies par Wizbii à Capital permettent de dresser le profil des bénéficiaires du RSA potentiellement concernés par cette orientation politique. Et les premiers à être touchés, en cas d’application, semblent être justement les Algériens résidant en France.
D’après le baromètre transmis en avant-première par Wizbii à Capital, les bénéficiaires typiques du RSA sont des personnes de plus de 30 ans, souvent parents, vivant dans des régions économiquement fragiles comme les Hauts-de-France. Ce profil, qui se superpose à celui de nombreux Algériens installés en France, met en évidence un risque d’exclusion accru pour cette communauté si la proposition venait à se concrétiser. Les Algériens, souvent confrontés à des freins multiples sur le marché du travail, comptent parmi les plus nombreux à dépendre du RSA. En France, ce dispositif constitue pour eux une aide vitale, notamment pour ceux vivant dans des quartiers populaires ou confrontés à un chômage structurel.
La proposition de limiter le RSA à deux ans, bien qu’encore au stade de discours politique, fait donc craindre une amplification de la précarité. Car en pratique, trouver un emploi en deux ans n’a rien d’évident pour les publics concernés, même en France, et encore moins pour les Algériens qui subissent souvent une double peine : économique et sociale. Le baromètre de Wizbii, riche de plus d’un million de simulations cette année, met également en avant le poids des familles dans l’éligibilité au RSA. Et parmi les bénéficiaires ayant au moins un enfant à charge, les Algériens sont particulièrement représentés, en lien avec des structures familiales plus larges.
Les femmes, notamment d’origine algérienne, sont elles aussi directement exposées. Beaucoup vivent seules avec leurs enfants et dépendent du RSA pour survivre. Leur insertion dans le monde du travail est souvent freinée par un manque de formation, des contraintes de garde d’enfants et une faible reconnaissance de leurs compétences. Réduire leur droit au RSA à seulement deux années pourrait signifier, concrètement, un basculement vers une grande pauvreté, sans réelle alternative professionnelle.
Il est donc essentiel de rappeler que cette mesure n’a, à ce jour, aucune portée légale. La proposition formulée par Laurent Wauquiez est une piste de réflexion politique, non une réforme adoptée. Mais le simple fait de la mettre sur la table suffit à déclencher des alertes, car les conséquences potentielles seraient majeures pour ceux qui dépendent durablement de ce soutien financier. La répétition de l’association entre les Algériens, le RSA, et la situation en France n’est pas anodine : elle traduit une réalité observable, qui nécessite une lecture fine et non idéologique.
Ainsi, même si la proposition n’est encore qu’un projet, les premières victimes sont déjà identifiées par les données : ce sont les Algériens en France qui perçoivent le RSA, souvent parce qu’aucune autre voie ne leur est ouverte. La mesure, si elle devait voir le jour, toucherait en priorité ceux qui ont déjà le plus de mal à se faire une place dans l’économie française.