Algériens de France : « vous n’aurez rien avec 8000 euros »

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Les rêves d’automobile abordable s’évanouissent rapidement lorsqu’ils se heurtent à la réalité du marché et des exigences administratives. « Algériens de France, vous n’aurez rien avec 8000 euros », c’est l’avertissement franc et sans détour lancé par un concessionnaire automobile algérien établi en région parisienne, interrogé par la rédaction de DNAlgérie. Ce professionnel, au contact quotidien avec la diaspora algérienne en France, constate une demande croissante pour l’achat de véhicules destinés à être envoyés en Algérie, mais également une méconnaissance profonde des coûts réels impliqués.

De nombreux Algériens résidant en France souhaitent acquérir un véhicule d’occasion, et tout récent – moins de trois ans – pour l’envoyer à leurs proches ou l’immatriculer en Algérie, espérant effectuer une bonne affaire en gardant un budget raisonnable. Mais la réalité est toute autre. Selon le concessionnaire, un budget de 8000 euros est tout simplement insuffisant. « Les compatriotes algériens de France pensent encore qu’avec 8000 euros, ils peuvent repartir avec une voiture correcte, mais c’est totalement illusoire. Je leur dis toujours : vous n’aurez rien à ce prix », martèle-t-il.

La raison de cette impossibilité tient à plusieurs facteurs. Le prix brut du véhicule, d’abord, a augmenté significativement ces dernières années. Même les modèles considérés comme parmi les plus abordables, comme la Citroën C3, s’affichent désormais à partir de 9400 euros. Et encore, précise le concessionnaire, « c’est avec un moteur PureTech 1.2, qui n’est pas super méga fiable ». Il soulève ici un autre problème majeur : la fiabilité mécanique. Acheter une voiture à bas prix ne signifie pas forcément faire une bonne affaire. Si le moteur ou d’autres composants essentiels sont sujets à problèmes, les réparations futures risquent de coûter plus cher que l’investissement initial.

Mais au-delà du prix d’achat, d’autres frais viennent alourdir la facture. Il y a d’abord les coûts de transport, incluant le prix du billet du bateau pour l’envoi du véhicule en Algérie, souvent sous-estimé par les acheteurs. Ensuite, et surtout, le dédouanement à l’arrivée au port en Algérie, une procédure à la fois complexe et onéreuse, représente un poste de dépense non négligeable. Ces frais cumulés font rapidement grimper la facture totale à 12.000 euros minimum pour espérer obtenir un véhicule en bon état, récent et apte à circuler sans encombre sur les routes algériennes.

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Ce chiffre, bien que décevant pour certains, est désormais un seuil à intégrer dans tout projet d’importation de voiture. Les tentatives de contournement ou d’économies mal calculées finissent souvent par coûter plus cher. La tentation d’acheter une voiture plus ancienne ou avec des défauts pour rester dans le budget initial peut s’avérer désastreuse, tant en matière de sécurité que de durabilité.

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Le concessionnaire interrogé insiste donc sur la nécessité d’un changement de perception. Le marché automobile a évolué, et avec lui les prix. « Il faut être réaliste. Avec moins de 10.000 euros aujourd’hui, vous n’avez rien de solide, rien de récent, et encore moins un véhicule que vous pourrez légalement et efficacement faire entrer en Algérie », résume-t-il.

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Pour les Algériens de France, cette réalité impose une réévaluation des priorités. Peut-être faut-il envisager d’économiser plus longtemps, ou de chercher des alternatives locales. Mais dans tous les cas, le mythe de la voiture à 8000 euros prête à être envoyée au pays doit être abandonné. La logique économique actuelle ne le permet tout simplement plus, et ceux qui persistent dans cette voie risquent la déception, voire la perte pure et simple de leur investissement.