Une innovation technologique majeure est sur le point de transformer le quotidien des voyageurs à l’aéroport de Genève, notamment celui des nombreux Algériens établis dans cette ville frontalière. L’aéroport envisage en effet d’introduire un système de reconnaissance faciale destiné à fluidifier et sécuriser le parcours des passagers.
Ce projet, bien qu’encore à l’étude, suscite déjà un vif intérêt et une large attention, aussi bien dans les médias que dans les cercles politiques, éthiques et technologiques. Selon les déclarations de Massimo Gentile, directeur technique de l’aéroport de Genève, l’idée est simple mais audacieuse : faire du visage du passager son titre d’embarquement. Concrètement, plus besoin de présenter un billet ni de montrer ses papiers à chaque étape du parcours : une simple reconnaissance faciale permettrait de franchir les portiques de sécurité, d’accéder à la porte d’embarquement et de monter à bord. Une avancée qui, sur le papier, promet un gain de temps et une réduction considérable du stress lié aux contrôles aéroportuaires.
Toutefois, cette technologie n’est pas encore active, faute d’un cadre juridique clair en Suisse. Le pays ne dispose à ce jour d’aucune loi fédérale spécifique encadrant l’usage de la reconnaissance faciale, ce qui oblige les autorités aéroportuaires à faire preuve de prudence. La révision attendue de la loi sur l’aviation pourrait ouvrir la voie à cette innovation, mais pas avant la fin de l’année prochaine. En attendant, les équipements sont installés et prêts à être déployés dès que l’approbation légale sera donnée. Massimo Gentile insiste sur la fiabilité de ces données biométriques, qu’il juge même supérieures à la reconnaissance humaine. Il rappelle toutefois que, dans le cas d’enquêtes ou d’incidents, ce sont uniquement les forces de l’ordre qui ont accès aux images de surveillance, non pas l’aéroport lui-même.
Ce projet de reconnaissance faciale, bien qu’ambitieux, ne fait pas l’unanimité. Certains y voient une intrusion dans la vie privée, d’autres s’inquiètent de la protection des données sensibles, tandis que plusieurs parlementaires suisses réclament un débat urgent sur l’encadrement de l’intelligence artificielle. Le Conseil fédéral devrait d’ailleurs se prononcer prochainement sur cette demande. Il est vrai que la reconnaissance faciale, si elle fascine par son efficacité, dérange aussi par son potentiel de surveillance accrue. C’est pourquoi le directeur technique de l’aéroport insiste sur l’importance d’un traitement strictement encadré des données, dans le respect total de la vie privée des passagers.
Au-delà de l’aéroport, cette technologie se développe également dans d’autres domaines. À Winterthour, l’entreprise Ava-X met au point des systèmes de sécurité fondés sur la reconnaissance faciale. Son directeur, Christian Fehrlin, cite l’exemple du club de football turc Besiktas, dont le stade est équipé pour identifier automatiquement les individus responsables d’incidents comme le jet de projectiles. Ces systèmes sont même installés sur des robots de sécurité et collaborent avec certaines polices locales. Pour Fehrlin, il ne s’agit pas seulement d’une prouesse technique, mais d’un outil stratégique pour l’économie et la sûreté nationale. Il imagine, par exemple, une situation de crise où une personne armée serait repérée et suivie en temps réel grâce à un réseau intelligent de caméras.
Cette dynamique pousse certains experts à considérer la Suisse comme un futur hub de l’intelligence artificielle en Europe. Son statut en dehors de l’Union européenne et sa réputation en matière de neutralité pourraient en faire un terrain favorable à l’expérimentation et à l’innovation. Reste à savoir si la société suisse est prête à accepter une telle révolution. Les Algériens de Genève, très présents dans les couloirs de l’aéroport et régulièrement confrontés aux rigueurs des procédures de sécurité, pourraient être parmi les premiers à expérimenter ce nouveau système. Entre fascination et prudence, cette nouveauté soulève une multitude d’interrogations, mais marque peut-être le début d’une nouvelle ère pour les voyageurs internationaux.
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