Algériens, obtention de la citoyenneté européenne : un pays serre la vis

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L’Italie vient de renforcer ses règles en matière d’acquisition de la citoyenneté, une décision qui affectera de nombreux descendants d’Italiens nés à l’étranger, y compris en Algérie. Le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni a récemment adopté un décret qui modifie les critères d’éligibilité à la citoyenneté italienne, en limitant l’attribution automatique aux seules deux premières générations de descendants d’Italiens. Désormais, seules les personnes dont au moins un parent ou un grand-parent est né en Italie pourront prétendre directement à la citoyenneté italienne dès la naissance.

Cette réforme vise à endiguer ce que le gouvernement qualifie de « commercialisation » du passeport italien. Le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a précisé que, bien que de nombreux descendants d’émigrés italiens puissent toujours prétendre à la citoyenneté, des restrictions sont désormais mises en place pour éviter les abus et garantir que seuls ceux ayant un lien tangible avec l’Italie puissent obtenir ce statut privilégié.

La question de la nationalité italienne est un sujet sensible depuis plusieurs années, notamment en raison de l’augmentation spectaculaire du nombre d’Italiens vivant à l’étranger. Selon les chiffres officiels, la population italienne expatriée est passée de 4,6 millions en 2014 à 6,4 millions en 2024, soit une hausse de 40 %. Cette croissance a entraîné une explosion du nombre de demandes de naturalisation, avec plus de 60 000 procédures en cours actuellement. L’Italie, en imposant ces nouvelles limites, cherche ainsi à freiner cette dynamique qui pourrait, selon certains observateurs, poser des problèmes de gestion administrative et de cohérence nationale.

L’une des principales préoccupations du gouvernement concerne le phénomène des passeports obtenus de manière opportuniste, notamment en Amérique du Sud, où de nombreux citoyens revendiquent des origines italiennes pour bénéficier des avantages liés à la nationalité européenne. Ce phénomène touche également l’Algérie, où une partie de la population, descendant d’Italiens installés dans le pays durant la période coloniale, a pu prétendre à la nationalité italienne selon les anciennes dispositions légales. Avec cette nouvelle réglementation, ces candidatures seront désormais plus strictement encadrées, et les dossiers devront prouver une filiation directe et récente avec l’Italie.

En parallèle, cette réforme s’inscrit dans une volonté du gouvernement italien de contrôler les flux migratoires et de renforcer son identité nationale. En réduisant le nombre de naturalisations automatiques, l’Italie cherche à privilégier les liens culturels et affectifs réels avec le pays, plutôt que de permettre à des milliers de personnes d’accéder à la nationalité sur la seule base d’ancêtres éloignés. Cette nouvelle politique est soutenue par plusieurs figures politiques conservatrices, qui estiment que la citoyenneté italienne doit être attribuée de manière plus sélective afin de préserver les valeurs et traditions du pays.

Du côté des demandeurs, ces nouvelles restrictions pourraient représenter un obstacle de taille pour ceux qui espéraient obtenir la citoyenneté italienne via leurs ascendants. Pour les Algériens concernés, cette réforme signifie qu’un grand nombre de dossiers risquent d’être rejetés ou soumis à des critères beaucoup plus rigoureux. Certains experts juridiques anticipent une augmentation des recours et des litiges administratifs liés à ces nouvelles mesures, notamment de la part de personnes ayant déjà entamé leur procédure de naturalisation avant l’entrée en vigueur du décret.

Alors que l’Italie tente de trouver un équilibre entre ouverture et contrôle strict de son identité nationale, cette réforme marque un tournant dans la politique d’attribution de la citoyenneté. Reste à savoir si cette décision aura un impact durable sur le nombre d’Italiens expatriés et si d’autres pays européens adopteront des mesures similaires pour encadrer l’accès à leur nationalité.

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