Algériens, Turquie : que se passe-t-il à Istanbul ?

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Les rues d’Istanbul sont en ébullition depuis l’arrestation du maire Ekrem Imamoglu, figure de proue de l’opposition turque. Les Algériens présents dans la ville, qu’ils soient commerçants ou touristes, assistent à une scène politique des plus tendues, marquée par des manifestations et une restriction de la liberté d’expression. Ce mercredi 19 mars 2025, Imamoglu a été arrêté pour « corruption » et « terrorisme », des accusations que ses partisans dénoncent comme une manœuvre politique destinée à l’écarter de la course à la présidentielle de 2028.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès ce jeudi, des centaines de manifestants ont convergé vers la municipalité d’Istanbul pour exprimer leur indignation. Parmi eux, de nombreux étudiants, déterminés à dénoncer une justice qu’ils jugent politisée. Dans un contexte où l’économie turque montre déjà des signes de fragilité, cette vague d’arrestations a eu un impact immédiat sur la livre turque, qui a poursuivi sa chute face au dollar et à l’euro. La Banque centrale turque a tenté de limiter la casse en puisant dans ses réserves de change, mais l’inquiétude demeure.

Dans les rues d’Istanbul, les Algériens présents en grand nombre ressentent pleinement la tension ambiante. Pour ces habitués de la métropole turque, que ce soit pour le commerce ou le tourisme, les restrictions imposées compliquent leur quotidien. L’interdiction de rassemblements jusqu’à dimanche, décrétée par le gouverneur de la ville, ainsi que le blocage partiel de plateformes comme X et WhatsApp, perturbent les communications et les déplacements. Ceux qui espéraient profiter des charmes nocturnes d’Istanbul durant cette période se retrouvent confrontés à une ville quadrillée par les forces de l’ordre, où l’accès à des lieux emblématiques comme la place Taksim ou le parc de Gezi est strictement interdit.

L’opposition ne faiblit pas pour autant. Özgür Özel, président du CHP, le principal parti d’opposition, a appelé à un nouveau rassemblement devant la municipalité, promettant de ne pas laisser cette arrestation enterrer les espoirs de changement. Mercredi soir déjà, malgré le froid, plusieurs milliers de personnes s’étaient mobilisées, scandant « Tu n’es pas seul ! » en direction d’Imamoglu. Sa femme, Dilek Imamoglu, s’est également exprimée, dénonçant une tentative d’assassinat politique contre son mari, qu’elle considère comme le seul adversaire sérieux capable de défier Erdogan en 2028.

L’incarcération d’Imamoglu ne se limite pas à une simple affaire turque. Elle a provoqué un tollé à l’international, notamment auprès des maires de grandes capitales européennes comme Paris, Amsterdam, Rome et Bruxelles, qui ont dénoncé une « dérive autoritaire ». Ces réactions accentuent la pression sur Ankara, qui tente de justifier ces arrestations par des soupçons de liens entre certains collaborateurs du maire et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée comme terroriste en Turquie.

Les Algériens qui se rendent régulièrement en Turquie pour leurs affaires ou leurs vacances restent attentifs à l’évolution de la situation. Nombre d’entre eux, habitués à séjourner dans les quartiers commerçants d’Istanbul, constatent une atmosphère inhabituelle, où la prudence est de mise. Entre restrictions de mouvement, incertitudes économiques et tensions politiques, la métropole turque traverse une période de turbulences qui ne laisse personne indifférent. Si la situation venait à s’aggraver, il n’est pas exclu que les déplacements de nombreux visiteurs algériens soient impactés, obligeant certains à revoir leurs plans de voyage dans les jours à venir.

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