La préfète du Rhône, Fabienne Buccio, a récemment exprimé un profond ras-le-bol face à la situation qu’elle décrit comme de plus en plus problématique concernant certains ressortissants algériens. Dans un entretien accordé au quotidien Le Progrès, la préfète s’inquiète ouvertement du sentiment d’impunité qu’elle observe chez une partie des Algériens en situation irrégulière, notamment ceux interpellés dans le cadre d’affaires de délinquance. Ce constat intervient dans un contexte déjà tendu entre les autorités françaises et algériennes, où les questions liées à la sécurité, à la coopération diplomatique et aux retours de migrants en situation irrégulière deviennent des points de crispation majeurs.
Dans le détail, la préfète précise que 60 % des personnes interpellées dans des affaires de vols avec violence sont des étrangers, et que parmi eux, une proportion importante, voire majoritaire, sont des Algériens. Cette situation pose, selon elle, un véritable problème de gestion sécuritaire sur le territoire du Rhône. La préfète souligne que, malgré les interpellations et les condamnations judiciaires, l’expulsion des Algériens en situation irrégulière est devenue quasiment impossible. Elle explique que le refus de délivrance de laissez-passer consulaires par l’Algérie empêche les reconduites à la frontière, même lorsque les intéressés disposent de passeports et qu’une procédure d’escorte est enclenchée.
Fabienne Buccio insiste sur le fait que ces obstacles administratifs engendrent un cercle vicieux, renforçant chez certains Algériens le sentiment qu’ils ne risquent aucune sanction concrète en cas de délit, car non expulsables. Elle déplore que même après un passage en centre de rétention administrative (CRA), les procédures se heurtent à un mur diplomatique. Les juges maintiennent parfois les personnes concernées jusqu’à 90 jours, la durée maximale, mais une fois ce délai écoulé, l’absence de coopération consulaire force les autorités à les libérer, les remettant ainsi en liberté sur le territoire français.
Ce climat est aggravé par les relations très tendues entre Paris et Alger. Depuis l’été dernier, ces relations bilatérales se sont nettement dégradées, marquées par des rappels de diplomates et par des épisodes diplomatiques houleux. Dans ce contexte, la question des expulsions devient un sujet sensible, voire tabou, même lorsque les cas sont juridiquement solides. La préfète rappelle d’ailleurs que, depuis plus d’un an, aucun laissez-passer n’a été accordé par le consul général d’Algérie à Lyon, ce qui empêche toute mesure de retour vers le pays d’origine pour les Algériens concernés.
L’exemple cité par la préfète ne semble pas isolé, puisqu’il s’inscrit dans une dynamique plus large de crispation sur les questions migratoires et de sécurité. Cette impasse diplomatique a des conséquences directes sur la gestion du terrain, notamment dans les grandes villes comme Lyon où les enjeux sécuritaires sont élevés. Fabienne Buccio a ainsi voulu alerter sur une forme d’inefficacité du système face à des comportements délictueux qui ne peuvent plus être sanctionnés de manière dissuasive faute de coopération bilatérale.
Par ailleurs, cette déclaration intervient dans un climat médiatique tendu, où la question de l’immigration, notamment en provenance du Maghreb, est régulièrement au cœur des débats politiques en France. Les propos de la préfète sur les Algériens en situation irrégulière s’inscrivent donc dans une actualité chargée, alors que des tensions persistent également sur le terrain judiciaire, diplomatique et culturel.