Récemment, une déclaration d’Éric Zemmour sur la télévision française a déclenché un vif débat autour de la période coloniale en Algérie. Sur un plateau de télévision, le journaliste et essayiste a affirmé que l’Algérie, avant l’indépendance, était un « cloaque », évoquant la présence de maladies comme le choléra et le typhus, des fléaux qu’il a imputés à l’Algérie d’avant l’arrivée des colons français. Il a ensuite ajouté que c’était « la France qui a soigné tout ça », et que « la France n’a rien à se faire pardonner » en ce qui concerne la guerre d’Algérie. Selon lui, « la France a gagné cette guerre » et aurait largement contribué à la modernisation des villes algériennes, citant spécifiquement Alger et Constantine comme exemples de cette transformation : « Allez à Alger, allez à Constantine vous allez voir ».
Ces propos ont immédiatement suscité une réaction forte, notamment de la part des personnalités politiques et des défenseurs des droits humains. Parmi les voix les plus critiques, on trouve la députée européenne Rima Hassan, qui a souligné l’aspect destructeur de la colonisation. Dans une déclaration passionnée, elle a rétorqué que, bien au contraire, la France n’avait pas seulement « construit pour elle et pour sa mission colonisatrice », mais qu’elle avait commis des atrocités pendant cette période, y compris des massacres, des tortures et des viols. Elle a également rappelé que la France avait mené des essais nucléaires en Algérie, provoquant des conséquences dramatiques pour la population et laissant derrière elle des zones radioactives. Selon elle, « la France a aussi utilisé cette terre pour ses essais nucléaires (pour des bombes 10 à 20 fois plus grandes que celles d’Hiroshima laissant derrière elles des déchets hautement radioactifs d’une durée de vie de 24 000 ans) ». Elle a conclu en affirmant que « ce n’est pas seulement des excuses que la France doit à l’Algérie, elle lui doit aussi et surtout une justice compensatoire ».
Le contraste entre les deux points de vue soulève des questions cruciales sur la manière dont l’histoire coloniale de la France en Algérie est perçue et interprétée. D’un côté, certains estiment que la France a joué un rôle de modernisation et de développement dans l’Algérie colonisée, en invoquant les infrastructures et les progrès réalisés dans certaines régions. De l’autre côté, de nombreux observateurs rappellent les souffrances infligées à la population algérienne sous la colonisation, soulignant le pillage, les violences systématiques et la répression brutale pendant la guerre d’indépendance.
Le débat sur la guerre d’Algérie et la période coloniale est loin d’être clos, avec des positions souvent très polarisées. Pour certains, les années passées sous domination française ont eu des effets dévastateurs sur la société et l’économie algériennes, laissant des séquelles qui perdurent encore aujourd’hui. L’argument de la « modernisation » ou du « développement » au nom de la colonisation est, pour beaucoup, difficile à accepter compte tenu des nombreuses injustices et violences vécues par les Algériens. La question des réparations et de la reconnaissance des crimes coloniaux reste ainsi un sujet sensible, et les déclarations comme celles d’Éric Zemmour alimentent encore davantage cette polémique.
Les questions de mémoire et de réconciliation entre la France et l’Algérie sont devenues des enjeux diplomatiques importants. Des voix de plus en plus nombreuses appellent à une reconnaissance officielle des crimes commis pendant la colonisation, et à une réparation pour les torts infligés à la population algérienne. En réponse aux appels pour des excuses et des réparations, certains membres du gouvernement français ont reconnu les souffrances causées, mais la question de la responsabilité et des réparations reste un point de friction majeur dans les relations entre les deux pays.
Dans ce contexte, les propos d’Éric Zemmour apparaissent comme une remise en cause des récits historiques dominants sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Tandis que certains voient dans ses déclarations un désir de réhabiliter l’image de la France coloniale, d’autres les perçoivent comme une tentative de minimiser la souffrance des Algériens pendant cette période. Le débat sur l’héritage colonial de la France, et la manière dont il est abordé aujourd’hui, semble bien loin d’être résolu.
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