Voyage – La Banque d’Algérie avance prudemment sur la mise en place de l’allocation touristique de 750 euros, un dispositif très attendu par les voyageurs algériens. Initialement espéré pour février 2025, son lancement semble finalement repoussé à mars. Cette attente prolongée suscite de nombreuses interrogations, notamment sur les modalités d’application et les défis liés à la distribution de cette somme aux bénéficiaires. Selon des sources proches du dossier, l’instruction précisant les conditions et les mécanismes de déblocage de cette allocation de voyage est en cours de finalisation et sera bientôt transmise aux banques agréées à travers le pays.
Dans ce contexte, plusieurs députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont plaidé pour une approche plus moderne et simplifiée du versement de cette allocation de voyage. L’une des propositions phares consiste à injecter directement la somme allouée sur les comptes en devises des bénéficiaires. L’objectif est double : permettre une utilisation plus flexible via des cartes bancaires internationales comme Visa et Mastercard, et éviter les longues files d’attente dans les aéroports et les ports, qui ont souvent été un point de friction pour les voyageurs en quête de liquidités en devises. Cette solution pourrait également favoriser la digitalisation des transactions bancaires, un axe stratégique soutenu par le gouvernement pour moderniser le secteur financier et améliorer la transparence dans l’usage des devises étrangères.
Zoheir Nasri, vice-président de l’APN, a récemment déclaré à Echorouk qu’un travail important est en cours pour appliquer les directives du président Abdelmadjid Tebboune concernant cette allocation. Il a souligné que le nouveau ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, travaille en étroite collaboration avec le gouverneur de la Banque d’Algérie afin d’accélérer le processus et d’assurer une mise en œuvre fluide de cette mesure. Selon Nasri, le dossier est actuellement sur le bureau du gouverneur par intérim de la Banque d’Algérie, qui devrait officialiser les règles du dispositif à travers une instruction bancaire dans les prochaines semaines.
L’idée de verser directement l’allocation de voyage sur les comptes en devises des citoyens continue de faire son chemin. Elle permettrait de contourner plusieurs obstacles liés à la distribution physique de l’argent, notamment la gestion des stocks de billets en devises et les contraintes logistiques liées aux déplacements dans les agences bancaires ou les points de change officiels. Cette approche s’inscrit dans la volonté des autorités de digitaliser davantage le secteur bancaire algérien, une transformation qui pourrait avoir des répercussions positives sur l’ensemble de l’économie nationale.
En parallèle, l’APN et plusieurs experts financiers recommandent l’ouverture rapide de bureaux de change dans les principaux aéroports et ports du pays. Cette mesure vise à fournir aux voyageurs un accès plus direct aux devises étrangères, tout en limitant la dépendance aux circuits informels du marché noir. Actuellement, la majorité des transactions de change en Algérie s’effectuent en dehors du cadre réglementé, ce qui pose un défi majeur aux autorités financières qui tentent d’encadrer l’usage des devises et d’éviter leur fuite à l’étranger.
Abdelkader Berriche, membre de la commission des affaires économiques, du commerce et de la planification à l’APN, a confirmé que la mise en place de l’allocation touristique devra être précédée d’une instruction détaillée expliquant en profondeur les modalités de son application. Il a précisé que cette instruction devrait également inclure des mesures strictes pour éviter que l’allocation ne soit détournée vers des usages spéculatifs ou qu’elle alimente le marché parallèle des devises. Selon lui, cette allocation représente un coût important pour l’État, estimé entre 5 et 7 milliards de dollars par an, ce qui nécessite une gestion rigoureuse et un suivi précis de son exécution.
L’un des enjeux majeurs de cette réforme concerne l’accès équitable aux bureaux de change et aux services bancaires en devises pour tous les citoyens, quel que soit leur lieu de résidence. De nombreux députés ont insisté sur la nécessité d’ouvrir ces bureaux non seulement dans la capitale et les grandes villes, mais aussi dans les régions frontalières et les zones éloignées. Cette initiative permettrait d’assurer une distribution plus équitable de l’allocation et d’éviter que certains citoyens ne soient contraints de parcourir de longues distances pour bénéficier de ce dispositif.
Lors du Conseil des ministres du 8 décembre dernier, le président Tebboune avait annoncé une révision des allocations pour les voyages et le pèlerinage. Outre l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs (chacune accordée une fois par an), l’allocation pour le pèlerinage a été portée à 1 000 dollars. Cette revalorisation s’inscrit dans une volonté d’améliorer le pouvoir d’achat des voyageurs algériens, tout en assurant un encadrement plus strict des flux de devises sortant du pays.
Dans l’attente de la publication officielle de l’instruction bancaire, les voyageurs algériens devront encore patienter pour savoir comment ils pourront accéder à cette allocation et dans quelles conditions précises elle sera distribuée. Ce retard de mise en œuvre suscite une certaine frustration parmi ceux qui espéraient pouvoir en bénéficier dès février 2025. Toutefois, les autorités affirment que toutes les mesures nécessaires sont prises pour garantir une application efficace de cette décision, avec une attention particulière portée à la transparence et à la lutte contre les abus.
Alors que la digitalisation du secteur bancaire algérien progresse lentement mais sûrement, cette allocation touristique pourrait constituer un premier test grandeur nature pour mesurer la capacité du pays à moderniser son système de paiement et de distribution de devises. Le succès de cette initiative dépendra en grande partie de la réactivité des banques, de l’efficacité des nouveaux bureaux de change et de la coopération entre les différentes institutions impliquées dans ce vaste chantier financier.
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