La revalorisation récente de l’allocation touristique, désormais fixée à 750 euros, a eu des répercussions immédiates sur les flux de voyageurs algériens vers la Tunisie. À l’approche de la fin de l’année, période traditionnellement marquée par une hausse des déplacements, cette mesure a contribué à une augmentation significative de la fréquentation des postes-frontières reliant les deux pays. Cette dynamique a toutefois été perturbée par l’introduction soudaine d’une nouvelle exigence administrative touchant le transport terrestre, entraînant une situation complexe pour de nombreux voyageurs.
Depuis le 7 décembre 2025, les autorités algériennes imposent aux bus assurant des liaisons touristiques vers la Tunisie de présenter une autorisation provisoire de transport international. Cette décision, appliquée sans communication préalable auprès des agences de voyages ou des transporteurs, a provoqué d’importantes perturbations aux principaux points de passage frontaliers, notamment à Oum Teboul et El Ayoune, dans la wilaya de Taref. Plusieurs bus se sont retrouvés immobilisés sur place, leurs documents habituels n’étant plus reconnus comme suffisants pour franchir la frontière.
Les conséquences de cette mesure ont été immédiates pour les passagers. De nombreux voyageurs algériens, engagés dans des séjours organisés ou des déplacements individuels via des agences, ont dû patienter pendant de longues heures dans des conditions difficiles. Certains véhicules, ne disposant pas de l’autorisation exigée, ont été empêchés de poursuivre leur route, laissant les passagers face à une incertitude totale quant à la suite de leur voyage.
Allocation touristique de 750 euros : une agence monte au créneau
Confrontés à ces blocages prolongés, certains voyageurs ont fait le choix de franchir la frontière à pied. Cette situation a été relayée publiquement par l’agence de voyages Metnani dans une publication datée du 13 décembre sur les réseaux sociaux. Le message était accompagné d’une photo montrant des voyageurs algériens en cours de contrôle par la police tunisienne au poste frontalier de Melloula. Selon l’agence, une fois le passage effectué à pied, ces voyageurs ont la possibilité de recourir à des moyens de transport disponibles du côté tunisien afin de poursuivre leur trajet. Commentant cette scène, l’agence a écrit : « La Tunisie à pied… Ceci n’est plus du tourisme, mais de la galère ».
Dans la même communication, Metnani a annoncé la suspension de l’ensemble de ses voyages en bus vers la Tunisie, précisant que cette décision resterait en vigueur « jusqu’à ce que les choses soient plus claires ». L’agence a toutefois indiqué que les déplacements restaient possibles par d’autres moyens, notamment par avion, par train ou par voiture individuelle. Elle a également exprimé son mécontentement face à la situation actuelle, estimant que « l’allocation touristique ne va pas nous faire abandonner notre amour propre et notre dignité est prioritaire ».
Cette situation soulève des inquiétudes pour le secteur du tourisme organisé en Algérie. Les séjours en Tunisie représentent une part importante de l’activité de nombreuses agences de voyages, en particulier grâce au transport par bus, plus accessible financièrement que l’avion. L’instauration de nouvelles conditions aux frontières pourrait ainsi avoir un impact direct sur l’offre touristique, les prix proposés et la capacité des agences à honorer leurs engagements envers les clients.
Parallèlement, des difficultés ont également été signalées pour des touristes algériens déjà présents en Tunisie. Plusieurs d’entre eux se retrouvent bloqués, leurs agences n’étant pas en mesure d’envoyer des bus pour assurer leur retour vers l’Algérie. La nouvelle réglementation impose en effet que les bus disposent d’une autorisation internationale spécifique, en remplacement de l’autorisation touristique ordinaire utilisée jusqu’à présent. En l’absence de ce document, les véhicules ne sont pas autorisés à entrer en Tunisie pour récupérer les voyageurs.
La procédure prévoit que les bus chargés de cette mission quittent le territoire national par le poste-frontière d’Oum Teboul. Il est également précisé qu’à la sortie d’Algérie, le bus doit être vide, et que les agences sont tenues de présenter une liste nominative des touristes concernés par l’opération de retour. Ces conditions confirment que plusieurs voyageurs algériens demeurent en attente en Tunisie, dans l’impossibilité de rentrer tant que les autorisations nécessaires ne sont pas délivrées.
Pour rappel, cette mesure ciblant les bus touristiques à destination de la Tunisie aurait été mise en place afin de limiter l’afflux massif de voyageurs lié à l’allocation touristique de 750 euros, ainsi que les tentatives de détournement de ce montant vers le marché parallèle des devises. En attendant une clarification ou un éventuel assouplissement des procédures, les déplacements terrestres vers la Tunisie restent marqués par l’incertitude et des contraintes inédites pour les voyageurs algériens et les professionnels du secteur.