La Banque d’Algérie a annoncé, le 15 décembre 2025, un resserrement significatif des conditions d’accès à l’allocation touristique de 750 euros, instaurée par le gouvernement pour permettre aux familles algériennes de voyager à l’étranger. Cette décision intervient dans un contexte où des détournements et des abus ont été constatés, notamment des voyages fictifs ou de courte durée, ainsi que l’exploitation de l’allocation à des fins illégales par certains réseaux organisés.
Dans une instruction adressée aux établissements bancaires, le régulateur monétaire a rappelé l’importance de respecter strictement les dispositions légales et réglementaires en vigueur. L’objectif principal est de s’assurer que chaque bénéficiaire dispose de la capacité financière réelle pour effectuer le voyage et que les fonds attribués soient utilisés conformément à leur vocation : offrir un moment de détente et une opportunité de découverte culturelle pour les familles algériennes.
Parmi les changements majeurs, la Banque d’Algérie a rendu obligatoire la détention d’un compte bancaire actif en dinars auprès de la banque domiciliataire pour pouvoir bénéficier de l’allocation. Cette mesure vise à renforcer la traçabilité et la transparence des opérations. De plus, le paiement en espèces de l’équivalent de 750 euros en dinars, au taux de change officiel, est désormais strictement interdit. Les bénéficiaires doivent utiliser des moyens de paiement scripturaux tels que la carte CIB, le chèque bancaire ou tout autre instrument homologué par l’institution financière. Cette décision a pour but de limiter les circulations de numéraire et de mieux sécuriser les transactions liées à l’allocation.
Le régulateur a également rappelé une condition essentielle : la durée minimale du séjour à l’étranger. Tout voyage de moins de sept jours oblige le bénéficiaire à restituer l’intégralité du montant perçu. En cas de non-respect, la personne s’expose à la perte de son droit à l’allocation pendant cinq années, sans préjudice de poursuites judiciaires éventuelles. Cette mesure stricte vise à mettre fin aux abus liés aux voyages de courte durée, parfois organisés dans le cadre de fraudes pour revendre les devises sur le marché parallèle.
Le durcissement des règles intervient dans un contexte de surveillance renforcée. Les autorités ont constaté une augmentation des cas de fraude, en particulier vers des destinations proches comme la Tunisie. Certains réseaux exploitaient des failles dans les règles initiales, permettant à des groupes de voyageurs de percevoir l’allocation pour ensuite contourner la réglementation et utiliser l’argent à d’autres fins. Des affaires judiciaires récentes, notamment à Souk Ahras et Tébessa, ont révélé l’existence de systèmes sophistiqués de contournement.
Pour Said Sayoud, ministre de l’Intérieur, ces mesures sont nécessaires pour préserver la fonction sociale de l’allocation touristique. « Cette aide a été instaurée pour être une bénédiction pour les familles algériennes, afin de leur permettre de voyager et de profiter d’un moment de détente », avait-il expliqué. « Malheureusement, certaines pratiques abusives ont détourné son objectif. Le renforcement des contrôles et la mise en place de nouvelles règles visent à garantir que l’allocation conserve son impact social positif. »
Le message est clair : la Banque d’Algérie et le gouvernement souhaitent protéger les droits des citoyens tout en limitant les fraudes et abus. L’allocation touristique doit rester un outil bénéfique pour les familles, et non un moyen de générer des profits détournés ou de contourner les règles de change.
Avec ces nouvelles directives, les banques deviennent des acteurs clés dans le contrôle et la régulation de l’allocation. Elles devront s’assurer de la cohérence financière de chaque demande et vérifier l’identité des bénéficiaires avec rigueur. Ces mesures visent à restaurer la confiance dans les dispositifs publics et à garantir que l’argent public bénéficie effectivement à ceux pour qui il a été prévu.
La Banque d’Algérie renforce donc l’encadrement de l’allocation touristique de 750 euros afin de garantir sa transparence, de sécuriser les transactions et de préserver sa vocation sociale. La vigilance des autorités et la stricte application de ces nouvelles règles devraient contribuer à réduire les abus et à maintenir l’allocation comme un véritable soutien pour les familles algériennes.