L’allocation touristique de 750 euros continue de faire l’objet d’ajustements réglementaires en Algérie, à la suite de nouvelles instructions émises par la Banque d’Algérie. Ces mesures, rendues publiques récemment, visent à encadrer plus strictement l’octroi du droit de change accordé aux voyageurs algériens, dans un contexte marqué par la multiplication des tentatives de fraude et de détournement de cette allocation à des fins autres que le voyage. À peine ces instructions diffusées, les banques commerciales autorisées à délivrer ce droit de change ont commencé à publier leurs propres conditions d’éligibilité, révélant des critères plus sélectifs, notamment en ce qui concerne les demandeurs sans revenus déclarés.
La Banque d’Algérie a introduit trois mesures majeures afin de renforcer le contrôle autour de l’allocation touristique. Désormais, l’accès au droit de change est conditionné à la détention préalable d’un compte bancaire auprès de l’établissement sollicité. Cette exigence exclut de facto toute personne ne disposant pas d’un compte actif dans une banque commerciale. Par ailleurs, le paiement en espèces de la contrevaleur en dinars de l’allocation touristique n’est plus autorisé. Les demandeurs sont tenus d’utiliser exclusivement des moyens scripturaux, tels que la carte bancaire ou le chèque, afin de garantir la traçabilité des fonds.
La troisième mesure porte sur le contrôle renforcé de l’origine des fonds utilisés pour l’obtention du montant de 750 euros. Les banques sont désormais tenues de vérifier non seulement l’identité du client, mais aussi la cohérence de l’opération avec son profil financier. Cette obligation s’inscrit dans une logique de conformité et de lutte contre le blanchiment, après que plusieurs cas de détournement de l’allocation touristique ont été signalés, notamment dans le cadre de voyages organisés vers la Tunisie.
Dans ce nouveau cadre réglementaire, la CNEP Banque a été l’une des premières institutions financières à publier officiellement les conditions applicables aux opérations de change. Dans une note adressée à sa clientèle, elle précise que les opérations liées à l’allocation touristique sont exclusivement réservées aux titulaires de comptes ouverts au niveau de l’agence concernée. Cette précision implique que l’ouverture d’un compte devient un préalable incontournable pour toute demande de droit de change.
La CNEP détaille également les documents requis pour l’ouverture d’un compte bancaire. Le dossier doit comprendre une pièce d’identité comportant le numéro d’identification national, un certificat de résidence datant de moins de six mois, ainsi qu’un document attestant des revenus du demandeur. Pour les salariés, il s’agit d’une fiche de paie, tandis que les travailleurs exerçant une activité libérale doivent fournir le formulaire C20. Les retraités, quant à eux, sont tenus de présenter une attestation de retraite. En l’absence de ces justificatifs, l’ouverture du compte est refusée, ce qui empêche automatiquement l’accès à l’allocation touristique.
C’est dans ce cadre que la CNEP a explicitement indiqué que le statut de chômeur n’est pas considéré comme un justificatif de revenus. Cette précision entraîne l’exclusion des personnes sans emploi de la procédure d’ouverture de compte, et par conséquent de l’obtention de l’allocation touristique de 750 euros. Ainsi, les chômeurs, même en mesure de financer leur voyage par d’autres moyens, se retrouvent exclus du dispositif en raison de l’impossibilité de justifier l’origine régulière de leurs fonds selon les critères exigés.
La note de la CNEP précise toutefois que les clients disposant déjà d’un compte peuvent effectuer des opérations de change au profit de certains membres de leur famille, notamment le conjoint, les ascendants ainsi que les frères et sœurs. Cette disposition permet une certaine souplesse dans le cadre familial, tout en maintenant les exigences de traçabilité imposées par la Banque d’Algérie.
Dans d’autres établissements bancaires, des conditions supplémentaires sont appliquées. Certaines banques exigent que le compte soit ouvert depuis au moins six mois avant de pouvoir effectuer une opération liée à l’allocation touristique. Cette exigence vise à limiter les ouvertures de comptes opportunistes, effectuées uniquement dans le but d’obtenir le droit de change.
À travers ces nouvelles règles, l’allocation touristique s’inscrit désormais dans un dispositif plus strict, reposant sur la bancarisation, la justification des revenus et la transparence des opérations. Ces ajustements traduisent la volonté des autorités monétaires de préserver l’objectif initial de l’allocation touristique, tout en réduisant les abus constatés ces derniers mois.