Depuis l’annonce de la hausse de l’allocation touristique en Algérie, une question revient sans cesse : la Tunisie fait-elle partie des destinations concernées par cette nouvelle mesure ? Alors que les autorités ont officiellement acté l’augmentation du montant alloué aux voyageurs, le flou persiste quant aux modalités d’application, en particulier pour les Algériens qui se rendent en Tunisie par voie terrestre.
L’allocation touristique, longtemps critiquée pour son montant insuffisant, a récemment été revue à la hausse. Désormais, chaque adulte algérien peut bénéficier de 750 euros contre 100 euros auparavant, tandis que les mineurs ont droit à une allocation de 300 euros. Cette revalorisation vise à faciliter les dépenses des voyageurs à l’étranger et à réduire la dépendance au marché noir des devises, qui reste florissant en Algérie. Toutefois, malgré l’enthousiasme suscité par cette augmentation, des incertitudes demeurent, notamment sur son application aux voyages vers la Tunisie, destination privilégiée de nombreux Algériens.
Le député de l’Assemblée populaire nationale (APN) de la wilaya d’El Tarf, Mourad Alilat, a récemment apporté des précisions sur le sujet, lors d’un entretien accordé à Ennahar à proximité des bureaux de change dans un poste frontalier à l’est du pays. Selon lui, la Banque d’Algérie est en train d’installer des bureaux de change au niveau du poste frontalier terrestre d’Oum Teboul, principal point de passage entre les deux pays. Ces nouvelles infrastructures devraient être opérationnelles d’ici une vingtaine de jours. « Dans 25 jours au maximum, les travaux seront totalement achevés », a-t-il insisté.
Cependant, une question fondamentale reste sans réponse : ces bureaux de change permettront-ils l’octroi de l’allocation touristique aux voyageurs algériens se rendant en Tunisie, ou bien seront-ils simplement destinés à assurer le change officiel entre le dinar algérien et le dinar tunisien ? À ce jour, aucune communication officielle n’a été faite sur la finalité exacte de ces établissements financiers.
Jusqu’à présent, les Algériens se rendant en Tunisie ont toujours rencontré des difficultés pour obtenir des devises de manière légale. Nombre d’entre eux étaient contraints de recourir au marché noir pour échanger leurs dinars algériens contre des dinars tunisiens, souvent à des taux bien plus avantageux que ceux pratiqués par les banques officielles. L’installation de bureaux de change aux postes frontaliers pourrait ainsi contribuer à réguler cette pratique en offrant une alternative officielle et plus sécurisée aux voyageurs.
Si l’octroi de l’allocation touristique aux frontières terrestres venait à être confirmé, cela constituerait une avancée majeure pour les nombreux Algériens qui franchissent la frontière chaque année. En 2023, plus de 3 millions de touristes algériens ont visité la Tunisie, faisant de l’Algérie le premier marché touristique du pays voisin. Une facilitation des échanges monétaires ne ferait donc qu’encourager davantage ces flux, tout en permettant aux autorités algériennes de mieux contrôler la circulation des devises.
Toutefois, certains observateurs restent sceptiques quant à l’efficacité de cette mesure. En effet, pour que ces bureaux de change soient réellement attractifs, les taux de conversion proposés devront être compétitifs par rapport à ceux du marché noir. Sans cela, il est peu probable que les voyageurs abandonnent les pratiques informelles auxquelles ils sont habitués.
En attendant une annonce officielle de la Banque d’Algérie, les Algériens continuent de s’interroger sur la portée réelle de cette réforme. Sera-t-il enfin possible d’accéder légalement aux devises en se rendant en Tunisie, ou faudra-t-il encore compter sur le marché parallèle ? Les prochaines semaines devraient apporter des réponses plus claires sur cette question qui touche des milliers de voyageurs chaque année.
Une chose est sûre : la mise en place de ces bureaux de change marque une étape importante dans la volonté des autorités de moderniser la gestion des devises et de mieux encadrer les flux monétaires entre l’Algérie et l’étranger. Reste à voir si cette initiative sera suivie d’autres réformes permettant de fluidifier davantage les transactions pour les voyageurs algériens.
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