Après la France, l’Égypte copie El Mordjene

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L’essor fulgurant d’El Mordjene, la célèbre pâte à tartiner algérienne, semble désormais déranger au-delà des frontières. Après avoir suscité la controverse en France, où plusieurs enseignes ont tenté d’imiter El Mordjene, voilà que l’Égypte entre dans la danse. Cette fois, il ne s’agit plus d’interdiction ni de censure, mais d’une copie pure et simple. Le phénomène prend de l’ampleur et suscite une vague de réactions indignées, notamment en Algérie, où l’attachement à El Mordjene dépasse largement le cadre alimentaire.

C’est via les réseaux sociaux que le scandale a été révélé. Une publication de la marque égyptienne, affichée fièrement sur sa page Facebook officielle, dévoile un nouveau produit baptisé “El Morgana”. À première vue, difficile de ne pas voir la supercherie : le design du pot est une réplique quasi identique de celui d’El Mordjene. Les couleurs sont les mêmes, la typographie copie l’originale, et même le visuel de la femme en hayek – icône de la marque algérienne – y est repris sans aucune modification significative. El Mordjene, Égypte, El Mordjene : le nom de la marque algérienne est ainsi utilisé par les internautes pour dénoncer une triple offense dans un seul produit.

En Algérie, les réactions ne se sont pas fait attendre. Les consommateurs, fiers de voir une marque locale conquérir des parts de marché à l’international, n’ont pas digéré cette imitation jugée grossière. « Même le nom, ils n’ont pas cherché loin. Ils ont juste changé deux lettres », écrit un utilisateur outré. Cette apparente paresse créative est perçue comme une insulte à l’originalité d’El Mordjene, marque qui a bâti son image sur l’authenticité, la qualité des ingrédients, et une stratégie marketing ancrée dans la culture algérienne.

Mais cette affaire égyptienne n’est pas isolée. Plusieurs marques, notamment en France, ont tenté des approches similaires. Certaines sont allées jusqu’à reprendre le nom « CEBON », référence directe à l’entreprise qui produit El Mordjene, afin de créer une confusion volontaire auprès des consommateurs. D’autres, plus subtiles, ont repris le code couleur, le format des pots, et même la silhouette emblématique du hayek pour habiller leurs propres pâtes à tartiner.

La reproduction de l’identité visuelle d’El Mordjene en Égypte a cependant franchi une étape supplémentaire. Non seulement la marque algérienne est dénaturée, mais elle est aussi récupérée par des entreprises étrangères dans un objectif commercial qui semble ignorer les implications culturelles et juridiques. Cette récupération provoque une onde de choc parmi les fidèles d’El Mordjene. L’Égypte, qui aurait pu collaborer ou innover, se retrouve ainsi pointée du doigt comme complice d’un détournement de patrimoine.

Sur les réseaux sociaux, certains sceptiques ont cru à une mauvaise blague ou à une image générée par intelligence artificielle. Mais les vérifications ont rapidement confirmé l’authenticité de la publication. Plus troublant encore, des internautes soupçonnent la marque égyptienne d’avoir sciemment utilisé cette méthode provocante dans le cadre d’une stratégie de buzz marketing. Une hypothèse qui ne fait qu’alimenter le ressentiment populaire.

Ce climat tendu illustre la difficulté pour des marques locales comme El Mordjene de protéger leur image face à une mondialisation où l’imitation peut devenir une arme concurrentielle. Malgré les tentatives répétées de plagiat, la pâte à tartiner algérienne continue de rayonner, portée par une communauté fidèle et une histoire singulière. Le fait qu’El Mordjene soit désormais copiée en Égypte témoigne paradoxalement de son succès retentissant. Le nom El Mordjene, associé trois fois dans la même phrase à l’Égypte, devient ainsi un symbole de résistance à la banalisation du produit algérien.

Reste à voir si la marque algérienne engagera des poursuites juridiques ou choisira une autre voie pour défendre sa légitimité. Pour l’instant, le silence officiel contraste avec la tempête médiatique. Une chose est certaine : à chaque tentative de copie, El Mordjene semble gagner en notoriété, et ce, même au cœur de l’Égypte.