Après l’Algérie, Macron se met à dos l’Italie

Macron Algérie

La diplomatie française traverse une zone de turbulences. À peine le bras de fer avec l’Algérie amorcé que Paris se retrouve dans une nouvelle controverse, cette fois avec Rome. Alors que l’affaire algérienne a déjà provoqué une onde de choc dans les cercles diplomatiques, la presse italienne, elle, s’empare d’un nouveau sujet brûlant : Emmanuel Macron serait accusé en Italie d’ingérence dans la prochaine élection pontificale. La coïncidence entre ces deux crises crée une atmosphère lourde de suspicion autour de l’Élysée.

Tout a commencé avec un incident particulièrement sensible : la mise en détention, en France, d’un agent consulaire algérien. Ce geste a été perçu par Alger comme une provocation grave, une atteinte à la souveraineté de ses services diplomatiques. En réaction, l’Algérie n’a pas tardé : douze agents de l’ambassade de France à Alger ont été déclarés persona non grata et expulsés. La France, dans un réflexe de réciprocité diplomatique, a immédiatement riposté en expulsant douze agents consulaires algériens. Résultat : les relations entre les deux pays sont gelées, les canaux officiels de dialogue sont obstrués, et les tensions montent d’un cran à chaque déclaration.

Dans ce contexte déjà tendu, l’Italie entre en scène, et pas pour jouer le rôle de médiateur entre Macron et Tebboune. Une autre tempête gronde, cette fois autour de la figure du pape à venir. Le conclave, prévu pour le 7 mai, suscite une attention inhabituelle de la part des chancelleries occidentales. Mais c’est surtout la présence d’Emmanuel Macron dans les coulisses du Vatican qui alimente les polémiques de la presse transalpine. Lors d’un déjeuner organisé près de l’ambassade de France en Italie, le président français a rencontré quatre des cinq cardinaux français qui auront le droit de vote au conclave. Parmi eux, Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, perçu comme un « papabile » sérieux. La présence de personnalités influentes telles que François Bustillo, Christophe Pierre et Philippe Barbarin alimente le soupçon que ce déjeuner n’était pas seulement de courtoisie.

Ce qui trouble davantage, c’est le dîner qu’a récemment tenu Macron avec le fondateur de la communauté Sant’Egidio, mouvement catholique ayant une influence bien établie au Vatican. Or, Matteo Zuppi, l’archevêque de Bologne et potentiel successeur du pape François, est issu de cette communauté. Zuppi est également connu pour ses positions humanistes, notamment pro-migrants, et pour ses critiques voilées envers certaines politiques menées par Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien. Il n’en fallait pas plus pour que certains médias italiens, comme La Verità, dénoncent une tentative d’Emmanuel Macron d’orienter l’élection pontificale afin de contrer le pouvoir italien.

Les déclarations incendiaires fusent en Italie contre Emmanuel Macron. « Macron veut choisir le pape », clame la une du journal italien, qui voit dans cette supposée stratégie une volonté délibérée d’amoindrir l’influence du gouvernement Meloni dans les affaires européennes et religieuses. L’entourage du président français se défend, assurant que ces rencontres n’étaient que des échanges intellectuels sans objectif politique. Du côté de Sant’Egidio, on tente également de calmer le jeu : il s’agirait d’un simple désir de mieux comprendre les mécanismes du conclave, sans intention de peser sur son issue.

Ce double front diplomatique place Emmanuel Macron dans une posture délicate. En quelques jours, la France se retrouve en froid avec deux États-clés de la Méditerranée. Le dialogue avec Alger est rompu, tandis que Rome s’interroge sur la neutralité du président français dans des affaires qui touchent le cœur même du catholicisme mondial. Les spéculations vont bon train, les certitudes sont rares, mais le climat est tendu. La diplomatie française, confrontée à des soupçons d’ingérence et à des représailles bilatérales, doit désormais naviguer entre prudence stratégique et affirmation de ses intérêts. Une tâche d’équilibriste, à haute altitude.