L’affaire du bermuda en Algérie a récemment suscité une vague d’étonnement et de confusion dans les médias français. Ce qui aurait pu rester un simple arrêté municipal est devenu en quelques heures un sujet de controverse entre perception locale et réaction internationale. Tout est parti d’un décret pris par le maire de Chetaïbi, une petite commune algérienne située dans la wilaya d’Annaba, à l’est de l’Algérie, un lieu réputé pour ses paysages naturels et ses plages bordées de forêts de pins. Dans ce cadre pittoresque, une décision liée au port du bermuda dans l’espace urbain a déclenché une tempête médiatique. Pourtant, l’interdiction ne concernait pas les plages, contrairement à ce qu’ont relayé certains organes de presse en France.
La confusion est née début juillet, lorsqu’un décret municipal a été affiché à l’entrée de la ville. Il y était stipulé que le port du bermuda était interdit dans la ville de Chetaïbi pour toute la durée de l’été. Le maire évoquait la nécessité de préserver l’ordre public, la décence et le respect des coutumes locales, des arguments souvent avancés dans certaines régions de l’Algérie où les normes vestimentaires peuvent varier selon les sensibilités culturelles et religieuses. Le texte a rapidement été interprété, parfois à tort, comme une interdiction du bermuda sur les plages. Cette imprécision a ouvert la porte à un emballement médiatique, particulièrement en France où plusieurs titres ont affirmé, à tort, qu’un maire algérien avait interdit le bermuda à la plage, ce qui a contribué à alimenter le débat sur la liberté individuelle et les influences religieuses.
Pourtant, le décret ne s’appliquait qu’à la ville elle-même et non aux zones balnéaires. La confusion autour du bermuda en Algérie a donc conduit à une incompréhension de la décision municipale. Deux jours après la publication de ce décret, le maire de Chetaïbi a fait machine arrière. Dans un communiqué publié sur Facebook, il a annoncé l’annulation pure et simple de l’arrêté. Le maire y précise que sa décision n’était ni motivée par une quelconque pression d’ordre religieux ni dictée par des groupes islamistes. Il s’agissait, selon lui, d’un simple souci de préserver la tranquillité et la cohabitation harmonieuse entre les résidents locaux et les nombreux visiteurs qui affluent durant la saison estivale.
Malgré cette clarification, les médias français ont largement commenté l’affaire, au cours de ces dernières heures, souvent en extrapolant les faits. Plusieurs commentateurs ont assimilé cette interdiction du bermuda à une montée du conservatisme religieux en Algérie, sans prendre le temps d’examiner le contexte local spécifique. Or, dans cette partie de l’Algérie, certaines tenues sont perçues différemment selon les générations et les sensibilités culturelles, sans pour autant qu’il y ait de directives nationales sur la question. Le bermuda en Algérie n’est pas un vêtement interdit par la loi, et il est couramment porté, notamment dans les villes côtières pendant la période estivale. Mais dans certains quartiers ou petites communes, la coexistence entre vacanciers et riverains peut générer des tensions ponctuelles, comme cela s’est vu à Chetaïbi.
L’affaire du bermuda en Algérie montre ainsi comment une décision locale, certes maladroite dans sa formulation, peut rapidement être instrumentalisée à l’international. Le traitement de cette affaire dans la presse française en est un exemple. Le mot « bermuda » a été repris des dizaines de fois dans les titres, associés à des termes comme « interdiction », « islamisation » ou encore « pression religieuse », sans que soit toujours précisé le contexte administratif exact. Pourtant, dans cette situation, ni l’État algérien ni les autorités religieuses n’étaient directement impliqués.