Boualem Sansal annonce qu’il compte retourner en Algérie et lance un tacle à Retailleau

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Boualem Sansal a pris la parole ce dimanche 23 novembre pour la première fois depuis sa libération des prisons algériennes, survenue 11 jours plus tôt. Arrivé sur le sol français mardi, Boualem Sansal a choisi ce moment pour s’exprimer publiquement, et chacun de ses mots a été mesuré avec soin. L’écrivain franco-algérien, qui a connu une détention d’une année entière, a expliqué que retrouver une vie libre était « compliqué », car la liberté, pour Boualem Sansal, signifie reprendre contact avec des sensations, des murmures et des réalités qui, pendant son emprisonnement, lui étaient totalement étrangères. Boualem Sansal a répété qu’il contrôlait chacun de ses mots, conscient que ses paroles pourraient être scrutées dans le contexte délicat des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie.

Boualem Sansal a évoqué sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron et n’a pas hésité à préciser sa détermination à retourner en Algérie malgré les avertissements. « J’avais dit à Macron, je vais aller en Algérie la semaine prochaine, il m’a dit attention. Je lui ai dit c’est là qu’on va vérifier la réalité et la justesse. Je dois retourner pour obtenir réparation. Rentrer et ressortir pour moi c’est une grande réparation », a déclaré Boualem Sansal. « On m’a diagnostiqué un cancer de la prostate. J’ai été traité pour ça de manière tout à fait remarquable par des médecins consciencieux qui ont fait plus que leur devoir. Je suis sorti de leurs mains en bonne santé », a également affirmé l’écrivain.

L’ancien haut fonctionnaire algérien a également abordé les circonstances de sa détention, affirmant que celle-ci était intimement liée aux positions de la France sur le Sahara occidental. « J’ai vite compris que c’est la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par la France et mon amitié avec Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France, qui étaient la cause de cette histoire », a précisé Boualem Sansal. Condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », Boualem Sansal avait été arrêté le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger. Ses déclarations sur les héritages territoriaux de l’Algérie sous la colonisation française avaient provoqué un tollé, notamment lorsqu’il avait évoqué, lors d’une interview au média français Frontières, que certaines régions héritées par l’Algérie appartenaient auparavant au Maroc.

Le rôle de l’Allemagne a été déterminant dans sa libération, avec un transfert à Berlin pour des soins médicaux et l’intervention du président Frank-Walter Steinmeier qui a formulé une demande de grâce auprès des autorités algériennes. Boualem Sansal a rappelé que la France et l’Allemagne avaient suivi de près son cas, et que malgré les obstacles diplomatiques, sa libération reste une étape cruciale dans sa vie. Il a également évoqué Bruno Retailleau comme « son ami », tout en reconnaissant que l’ex-ministre de l’Intérieur, très ferme face à l’Algérie, avait pu être « d’une certaine manière » un obstacle à sa libération.