Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire qui suscite de nombreuses réactions, y compris celle de la Grande Mosquée de Paris. Condamné en Algérie à cinq ans de prison et à une amende de 500.000 dinars, soit environ 3.500 euros, pour atteinte à l’intégrité du territoire national, l’auteur voit son cas prendre une ampleur internationale.
Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a pris la parole sur le sujet lors d’une interview accordée à Sud Radio. Se disant préoccupé par la situation de l’écrivain, il a plaidé en faveur d’une grâce présidentielle, rappelant que Boualem Sansal, âgé et en mauvaise santé, avait déjà purgé une partie de sa peine. Selon lui, la période du Ramadan, propice au pardon et à la clémence, devrait inciter les autorités algériennes à réviser leur position. Il a insisté sur le fait que six mois derrière les barreaux étaient déjà une épreuve considérable pour l’auteur, quelles que soient les raisons de sa condamnation.
Le recteur a également tenu à préciser que le procès de Boualem Sansal s’était déroulé devant un tribunal correctionnel et non une cour criminelle, ce qui démontre, selon lui, une volonté de modération de la part de la justice algérienne. S’il renonce à faire appel, l’auteur pourrait bénéficier d’une grâce présidentielle, estime Chems-Eddine Hafiz, affirmant avec optimisme : « Je pense que le président Tebboune va décider de sa grâce. »
Un autre point de controverse a émergé autour de la défense de Boualem Sansal. L’avocat français François Zimeray, qui s’était vu refuser l’accès au dossier, a dénoncé une discrimination liée à sa confession juive. Sur ce point, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a réfuté toute accusation d’antisémitisme. Il a expliqué que le refus initial du visa de l’avocat était dû à un vice de procédure : ce dernier avait été désigné par l’éditeur Gallimard et non par l’auteur lui-même, ce qui contrevient aux règles en vigueur. Une seconde demande, conforme aux exigences légales, aurait été déposée, mais serait toujours en attente de réponse.
Dans cette même optique, Chems-Eddine Hafiz a tenu à défendre l’image du président algérien Abdelmadjid Tebboune, rejetant toute tentative de l’associer à des actes discriminatoires. Il a notamment cité le cas du chanteur Patrick Bruel, qui a pu se rendre en Algérie avec sa mère grâce à une intervention directe du président. Pour lui, les accusations visant Tebboune sur ce sujet sont infondées et injustes.
Au-delà du cas de Boualem Sansal, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a également abordé les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, notamment sur la question des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il a reconnu que la crise migratoire était un sujet délicat, mais a rejeté l’idée que l’Algérie refuse systématiquement de reprendre ses ressortissants sous le coup d’une expulsion. Selon lui, les blocages proviennent souvent d’erreurs administratives ou de procédures mal respectées. Il a ainsi évoqué des situations où des individus ayant une vie familiale établie en France étaient expulsés sans prise en compte de leur réalité personnelle, ce qui compliquait la coopération entre les deux pays.
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