Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, se retrouve au cœur d’une crise diplomatique avec l’Algérie, une situation qui l’amène à dénoncer une pression constante du président Abdelmadjid Tebboune. « Monsieur Tebboune a une seule chose en tête : ma démission », affirme-t-il avec fermeté lors de son passage ce matin sur Sud Radio, refusant de céder à ce qu’il perçoit comme une offensive orchestrée contre lui. Son discours, empreint de détermination, met en avant une ligne de conduite qu’il qualifie de « riposte graduée », en réponse aux tensions croissantes entre Paris et Alger.
Cette situation a pris une tournure plus dramatique après l’attaque de Mulhouse, où un ressortissant algérien, visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a commis un attentat ayant coûté la vie à un homme de nationalité portugaise. Pour Retailleau, cette tragédie illustre une faille majeure dans la coopération entre la France et l’Algérie sur les expulsions de ressortissants en situation irrégulière. « Ce terroriste, à 14 reprises on avait demandé au consulat algérien de le reprendre », martèle-t-il, soulignant l’absence de réponse des autorités algériennes.
Face à ce qu’il perçoit comme un blocage volontaire, le gouvernement français a décidé de durcir sa position en suspendant les accords de 2007 relatifs aux exemptions de visa. Une décision qui marque le début d’une escalade politique et diplomatique entre les deux pays. Cette suspension est la première étape d’une stratégie que Retailleau définit comme progressive : « La riposte est graduée parce que nous ne sommes pas belliqueux. Nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie, c’est elle qui nous agresse. »
Dans cette logique, le ministre évoque la possibilité d’activer l’article 22 du Code frontières Schengen, qui empêcherait les pays européens de laisser entrer des ressortissants étrangers sans consultation préalable de la France. Une mesure qui viserait directement les Algériens, en réponse à ce que Retailleau décrit comme une absence de coopération de la part des autorités algériennes. D’autres options sont également à l’étude, notamment le gel des visas et des transferts de fonds privés vers l’Algérie, ainsi que la suppression de l’aide publique au développement, une proposition soutenue par certains membres de l’opposition comme Marine Le Pen.
Algérie France : Retailleau se sent ciblé par Tebboune
Dans ce contexte tendu, Retailleau se sent personnellement ciblé par Alger. Il affirme être devenu une figure centrale dans la presse algérienne, où il fait l’objet d’articles virulents quasi quotidiens. « Chaque jour, je fais la une de la presse algérienne avec des articles très agressifs », confie-t-il, dénonçant une campagne orchestrée pour le pousser à la démission. Mais loin de se laisser intimider, il se pose en rempart contre ce qu’il considère comme une ingérence étrangère : « Je ne veux pas leur faire ce cadeau. »
Pour lui, la priorité absolue demeure la protection des Français. « Mon obsession ce n’est pas la relation diplomatique, c’est la sécurité des Français », insiste-t-il, rejetant l’idée d’un recul ou d’un compromis sur la fermeté de la politique migratoire et sécuritaire. Il assure également que le président de la République partage cette ligne de conduite, ce qui le conforte dans sa position. « Il est sur cette ligne de protéger les Français », affirme-t-il, soulignant l’importance d’une cohésion gouvernementale face aux tensions actuelles.
Alors que la crise entre la France, dirigée par Emmanuel Macron, et l’Algérie, présidée par Abdelmadjid Tebboune, continue de s’intensifier, Bruno Retailleau se montre déterminé à maintenir une position intransigeante, quitte à susciter l’ire du régime algérien. La question demeure : jusqu’où ira cette escalade, et quelles seront les répercussions de cette confrontation sur les relations entre les deux pays ? Une chose est certaine, pour Retailleau, la sécurité des Français passe avant toute considération diplomatique.
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