Caftan, Maroc : la veuve de Boumediène met les points sur les i

Caftan

La question de l’origine du caftan continue d’alimenter les débats entre l’Algérie et le Maroc, et cette fois, c’est Anissa Boumédiène, veuve du défunt président algérien Houari Boumédiène, qui vient ajouter une nouvelle couche à la polémique. Dans une récente vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, elle a tenu à clarifier un point souvent relayé dans les récits historiques et médiatiques concernant un caftan qu’elle aurait reçu du roi marocain Hassan II. Contrairement à la croyance populaire, elle a fermement démenti que ce vêtement emblématique lui ait été offert par le souverain chérifien lors de son mariage.

Anissa Boumédiène a révélé qu’en réalité, Hassan II lui avait bien offert deux caftans, mais ceux-ci étaient confectionnés dans un voile transparent, bien loin du luxueux caftan en velours qu’elle avait porté à plusieurs occasions officielles. Elle a souligné que ce dernier avait été fabriqué en Algérie, plus précisément dans la wilaya de Constantine, connue pour son artisanat raffiné et son savoir-faire ancestral en matière de broderie et de couture traditionnelle. Une déclaration qui vient une nouvelle fois renforcer l’idée que le caftan, tel qu’il est porté en Algérie, a une identité propre et distincte.

La veuve de Boumédiène a également mentionné un geste symbolique qui prouve l’importance du caftan algérien dans les relations diplomatiques du pays. Elle a affirmé avoir offert un caftan similaire, brodé de fils d’argent, à Anne-Aymone Giscard d’Estaing, épouse de l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, lors de leur visite officielle en Algérie. Un choix qui, selon elle, n’était pas anodin, mais qui visait à représenter l’élégance et l’authenticité du savoir-faire algérien.

Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par des tensions entre l’Algérie et le Maroc autour de la reconnaissance du caftan comme élément du patrimoine immatériel. En décembre dernier, l’UNESCO a officiellement inscrit le dossier du « Gandoura » et du « Mellahfa » algériens sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette reconnaissance englobe plusieurs pièces vestimentaires traditionnelles algériennes, dont le caftan, le katt, la qouït, ainsi que divers accessoires et techniques de broderie, mettant en avant la richesse du patrimoine vestimentaire algérien.

Toutefois, cette décision a rapidement été contestée par le Maroc. Lors de la 19ᵉ session de l’UNESCO, l’ambassadeur et représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’organisation, Samir Addaher, a exprimé une objection officielle, accusant l’Algérie d’avoir inclus dans son dossier une image et une vidéo du « Caftan Ntaâch », un modèle emblématique de la ville de Fès. Le Maroc a ainsi demandé à ce qu’une mention soit ajoutée pour signaler cette objection, affirmant que le caftan marocain fait l’objet d’une tentative de « pillage » culturel.

De son côté, Rabat a annoncé qu’il soumettra un dossier visant à inscrire officiellement le « Caftan marocain » en tant que patrimoine immatériel lors de la session de l’UNESCO prévue en 2025. Une initiative qui s’inscrit dans une démarche plus large du Maroc pour défendre la reconnaissance internationale de son héritage vestimentaire.

Cette bataille diplomatique autour du caftan illustre une rivalité plus profonde entre les deux pays, où la culture et l’histoire deviennent des terrains d’affrontement aussi stratégiques que la politique ou l’économie. L’Algérie, en mettant en avant son artisanat et en contestant la vision marocaine du caftan comme un élément exclusivement chérifien, cherche à affirmer son identité culturelle et à valoriser son propre patrimoine textile.

Pour les historiens et les spécialistes du costume traditionnel, il est indéniable que le caftan trouve ses racines dans plusieurs traditions vestimentaires du Maghreb, chacune ayant apporté sa propre touche et ses évolutions au fil des siècles. Si le Maroc a su imposer l’image du caftan comme un symbole de son élégance et de son artisanat, l’Algérie revendique également une histoire riche et un savoir-faire séculaire dans la confection de cette tenue emblématique.

Ce bras de fer autour du caftan ne semble donc pas prêt de s’arrêter, et il pourrait bien connaître de nouveaux rebondissements à mesure que les démarches auprès de l’UNESCO avancent. En attendant, les artisans des deux pays continuent de perpétuer un art qui transcende les frontières et qui demeure un héritage précieux du patrimoine maghrébin.

 

 

 

 

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