Un couple algérien a quitté son pays avec pour seul bagage les économies de toute une vie, espérant trouver au Québec, au Canada, une stabilité professionnelle et un système scolaire performant pour leurs enfants. Le rêve semblait simple : un nouvel horizon pour leurs quatre enfants, et bientôt un cinquième à venir. Deux ans après leur arrivée, la réalité s’avère beaucoup plus dure que prévu, et la famille risque aujourd’hui une expulsion qui remettrait en question tous leurs sacrifices.
En 2023, le couple Bensmira a pris la décision radicale de tout vendre en Algérie pour s’installer au Québec, au Canada. « Ce sont les économies d’une vie que nous avons apportées avec nous », raconte Sophia, la mère de famille. La promesse d’un futur meilleur, de perspectives professionnelles et éducatives pour leurs enfants, a motivé ce départ complet. Pourtant, le couple, qui bénéficiait d’un permis de travail temporaire, se retrouve confronté à l’impossibilité de renouveler ce document. Sans ce permis, travailler devient illégal, et rester au Canada devient une situation précaire, laissant planer le spectre d’un retour forcé vers l’Algérie.
Le mari explique que malgré la pénurie de main-d’œuvre dans la région, les autorités québécoises maintiennent leur position. La famille, travaillant dans le secteur de la restauration, se retrouve dans un dilemme : continuer à vivre au Canada sans droit de travailler, ou quitter le pays et abandonner le projet qui a motivé leur départ depuis l’Algérie. La perspective d’un cinquième enfant rend cette situation encore plus préoccupante. « Comment allons-nous survivre avec quatre enfants et un bébé à venir ? » demande Sophia, visiblement stressée et épuisée par l’incertitude de l’avenir.
Les enfants eux-mêmes ont déjà trouvé leurs repères au Québec. L’aîné explique que le programme scolaire est différent de celui de l’Algérie, et qu’un retour au pays ne serait pas facile. La petite sœur complète : « On ne peut pas revenir en Algérie, car on a tout vendu ». Ces paroles traduisent l’angoisse des enfants et soulignent le paradoxe de leur situation : des sacrifices énormes effectués pour une vie meilleure, aujourd’hui menacés par les réformes administratives canadiennes.
Le contexte migratoire explique en grande partie cette situation. Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui offrait une voie rapide vers la résidence permanente pour les travailleurs qualifiés, a été aboli et remplacé par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), beaucoup plus strict et exigeant. Les familles algériennes qui espéraient stabiliser leur vie au Canada se retrouvent désormais face à des obstacles administratifs majeurs, et certains dénoncent une logique où les migrants sont traités comme une « main-d’œuvre jetable ».
Ce cas illustre les contradictions entre les besoins économiques du Québec et les restrictions imposées aux familles immigrantes. Les Bensmira, après avoir tout vendu en Algérie pour réaliser leur projet, voient leur rêve fragilisé par des règles administratives qui échappent à leur contrôle. Le couple, qui a fait le choix courageux de quitter son pays pour offrir un avenir meilleur à ses enfants, se retrouve dans une situation d’extrême précarité, où l’incertitude sur le statut légal et la possibilité de travailler pèse lourdement sur la vie quotidienne.
Malgré ces difficultés, la famille demeure attachée à son projet initial. Leurs enfants se sont adaptés au système scolaire québécois et à la vie culturelle du Canada, et la perspective d’un retour en Algérie, pays qu’ils ont quitté avec toutes leurs possessions, leur semble irréaliste. Le stress et l’angoisse d’une expulsion imminente créent une pression quotidienne difficile à gérer pour tous, parents et enfants confondus.