Canada : la panique s’empare des demandeurs de permis de séjour

Immigration Canada permis de séjour

Le Canada, pays accueillant traditionnellement de nombreux immigrants, traverse actuellement une période d’incertitude en matière d’immigration. La récente annonce de compressions de personnel par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a provoqué des inquiétudes parmi divers groupes, notamment les demandeurs de permis de séjour, les étudiants étrangers, ainsi que les avocats et organismes communautaires qui œuvrent auprès des immigrants. Alors que le gouvernement canadien justifie ces mesures par des raisons économiques et stratégiques, ces dernières risquent d’avoir des répercussions profondes sur les délais de traitement des demandes et l’avenir de milliers de personnes aspirant à s’installer au Canada.

Depuis plusieurs années, le Canada est un phare d’espoir pour des millions de personnes cherchant une meilleure qualité de vie, des opportunités professionnelles et une sécurité accrue. Le processus d’immigration a donc toujours été une porte d’entrée cruciale pour beaucoup. Toutefois, l’annonce récente d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada concernant une réduction importante de son personnel, environ 3 300 postes, soit près du quart de ses effectifs, a suscité de vives inquiétudes. Ces compressions touchent particulièrement les travailleurs temporaires, mais également un nombre non négligeable d’employés permanents.

L’impact sur le traitement des demandes de permis de séjour, déjà jugées trop longues, risque de se faire sentir rapidement. Les avocats spécialisés en droit de l’immigration et les responsables d’organismes communautaires, comme Bato Redzovic, directeur général d’Accueil-Parrainage Outaouais, sont nombreux à exprimer leurs craintes face à la prolongation des délais d’attente. Pour des milliers de demandeurs d’asile, de travailleurs qualifiés et d’immigrants potentiels, cette mesure pourrait signifier des années supplémentaires d’incertitude. Actuellement, les délais de traitement pour certaines catégories, comme le parrainage familial ou les demandeurs d’asile, peuvent s’étendre de plusieurs années, atteignant parfois des durées de quatre à huit ans pour le parrainage collectif. Avec ces compressions, ces délais risquent d’être étendus davantage, aggravant ainsi la situation des personnes concernées.

Julie Taub, avocate spécialisée en droit de l’immigration, n’a pas tardé à réagir, dénonçant la mesure comme contre-productive. Selon elle, cette réduction du personnel, dans un contexte où la demande d’immigration reste forte, semble incongrue. Elle plaide pour une augmentation du nombre de postes afin de traiter efficacement les arriérés qui s’accumulent depuis des années. En effet, plus les délais d’attente sont longs, plus les coûts pour les contribuables augmentent, soulignant l’inefficacité à long terme d’une telle décision.

Les étudiants étrangers, quant à eux, sont également inquiets de l’impact de ces compressions sur les demandes de permis de séjour. Joan Fabrice Sebre, un étudiant de l’Université du Québec en Outaouais, évoque l’incertitude croissante face à l’avenir de nombreux étudiants qui, une fois diplômés, souhaitent rester au Canada pour débuter leur carrière professionnelle. Les changements fréquents dans les lois d’immigration, combinés à des compressions de personnel, compliquent considérablement la planification à long terme des étudiants étrangers. Beaucoup se retrouvent dans une position précaire, ne sachant pas s’ils pourront obtenir un permis de travail après leurs études ou s’ils devront quitter le pays, malgré leur contribution à l’économie canadienne.

De même, la finissante Odavia Zagré exprime son désarroi face à un avenir incertain après sa remise de diplôme. Elle partage ses inquiétudes sur les procédures à suivre pour obtenir un emploi, dans un environnement où les règles changent constamment, et où les délais de traitement s’allongent. Ces préoccupations ne sont pas isolées, car de nombreux étudiants étrangers sont confrontés à un dilemme similaire, ayant misé sur un avenir stable au Canada, mais incertains quant à la manière dont la politique actuelle pourrait affecter leurs projets.

Du côté du gouvernement, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a justifié ces compressions en invoquant la réduction des cibles d’immigration décidée par le gouvernement fédéral. Selon lui, la réduction du personnel était une mesure inévitable face à la baisse des besoins en immigration, notamment en raison de la diminution des actions liées à l’accueil de réfugiés en provenance d’Ukraine et d’Afghanistan. Toutefois, cette explication n’a pas dissipé les inquiétudes. Alors que certains fonctionnaires ont effectivement été recrutés de manière temporaire pour répondre à une hausse de la demande ces dernières années, le retour à un niveau d’embauche plus faible, similaire à celui de 2019-2020, pourrait nuire à la capacité du gouvernement à traiter les demandes dans des délais raisonnables.

Pour les demandeurs d’immigration, les compressions ne sont pas seulement une question de personnel, mais aussi une question de priorité. En effet, les politiques d’immigration doivent être cohérentes et réactives aux besoins croissants du pays, notamment en ce qui concerne les travailleurs qualifiés, les entrepreneurs et les réfugiés. L’argument selon lequel une réduction de la main-d’œuvre administrative suffirait à maintenir l’efficacité du système d’immigration semble discutable au regard de la complexité des demandes et de l’augmentation des flux migratoires mondiaux.

Les effets des compressions sont déjà perceptibles. Les délais de traitement des demandes, en particulier celles des demandeurs d’asile, sont de plus en plus longs. Tandis que la demande d’immigration continue d’affluer, le système devient de plus en plus congestionné, ce qui peut entraîner une augmentation du stress et de l’incertitude pour les candidats à l’immigration. Cette situation crée un paradoxe : le Canada, un pays traditionnellement perçu comme accueillant et progressiste, pourrait voir ses délais de traitement se détériorer davantage, entravant ainsi son image de destination de choix pour les immigrants.

Ainsi, ces compressions dans le secteur de l’immigration canadien soulèvent des préoccupations légitimes, non seulement concernant l’avenir des demandeurs de permis de séjour, mais aussi sur la capacité du pays à maintenir ses engagements envers l’immigration, une composante essentielle de son développement économique et social. Si les inquiétudes des divers acteurs, des avocats aux étudiants étrangers, ne sont pas prises en compte, le Canada pourrait voir se profiler des défis considérables dans les années à venir, qui affecteront non seulement les individus, mais aussi le tissu socio-économique du pays dans son ensemble.

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