Cardinal Jean-Paul Vesco : « un divorce avec l’Algérie serait suicidaire pour la France »

Vesco

Le cardinal Jean-Paul Vesco, habituellement discret sur les questions politiques, est sorti de sa réserve pour exprimer une profonde inquiétude face aux tensions persistantes entre l’Algérie et la France. Dans un entretien accordé au journal La Croix, l’archevêque d’Alger a livré une analyse sans détour sur les conséquences d’un éventuel « divorce » entre les deux pays. Selon lui, une telle rupture serait non seulement une erreur stratégique, mais un véritable suicide pour la France.

« La relation entre la France et l’Algérie est bien plus qu’un simple enjeu diplomatique, elle est intimement liée à l’histoire, à la mémoire et à la vie de millions de personnes, » a-t-il déclaré avec gravité. Loin d’être une simple prise de position symbolique, cette déclaration met en lumière un problème plus profond : la fracture qui se creuse au sein même de la société française. Le cardinal Vesco redoute qu’une détérioration des relations avec Alger ne conduise à un sentiment de rejet croissant chez les millions de Français musulmans, dont beaucoup ont des racines algériennes et participent activement à la construction du pays qui est le leur.

Ce climat tendu, estime-t-il, est en train de rouvrir des blessures jamais véritablement refermées. « L’attitude de la France aujourd’hui réactive une douleur ancienne, celle d’un passé colonial non assumé, dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. » Pour le cardinal, le nœud du problème dépasse largement la question de l’immigration ou de la sécurité. Il s’agit d’un héritage colonial qui continue de peser sur les relations bilatérales, précisément parce qu’il n’a jamais été pleinement assumé.

Jean-Paul Vesco insiste sur la nécessité d’un dialogue sincère et apaisé, plutôt que sur des postures rigides qui ne font qu’accentuer la défiance. Il rappelle que l’Algérie et la France sont liées par une histoire commune, douloureuse certes, mais indissociable. Pour lui, vouloir ignorer cette réalité ou la réduire à des considérations purement politiques serait une faute majeure.

« Je ne nie pas que des questions complexes doivent être réglées, mais il serait illusoire de penser que l’on peut construire l’avenir en refusant de regarder le passé en face, » a-t-il poursuivi. Il invite ainsi à une prise de conscience collective et à une volonté politique de réconciliation, mettant en avant l’importance d’un dialogue fondé sur la reconnaissance mutuelle et le respect.

Le cardinal Vesco se dit déçu que les espoirs placés dans les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron pour amorcer une véritable réconciliation n’aient pas encore porté leurs fruits. « Comment ne pas espérer que ces deux hommes puissent être les artisans d’une paix durable entre nos nations ? » interroge-t-il avec un mélange d’amertume et d’espoir.

En définitive, son message est clair : la relation franco-algérienne ne peut être réduite à une simple gestion des intérêts politiques et économiques. Elle engage une mémoire collective et un destin commun qu’aucun mur ne pourra effacer. La France, en se coupant de l’Algérie, ne perdrait pas seulement un partenaire stratégique : elle risquerait de se fracturer elle-même, en se détachant d’une partie de son âme.

Lire également :

Air Algérie, enseignants, bétail, drogue, criquets : les décisions du conseil des ministres

Aéroport d’Alger : un père de famille condamné pour « une bague de 5 millions »

Aïd El-Fitr 2025, promotion de 40% : Air Algérie dévoile tous les détails