Le gouvernement algérien vient de lever une grande incertitude qui pesait sur l’importation des voitures d’occasion. Depuis octobre 2024, la délivrance des cartes grises pour les véhicules de moins de 3 ans était suspendue, créant une situation d’attente et de confusion pour de nombreux acheteurs. Toutefois, grâce aux nouvelles dispositions introduites dans la loi des Finances 2025, le problème est désormais résolu. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a confirmé que des ajustements ont été apportés afin de réguler ce marché tout en mettant en place des conditions strictes visant à limiter la spéculation et les reventes abusives. La reprise de la délivrance des cartes grises pour les véhicules de moins de 3 ans devrait donc se faire incessamment, d’après les propos du ministre.
D’après les précisions apportées par le ministre lors de son intervention devant l’Assemblée populaire nationale (APN), la principale modification concerne l’instauration d’une interdiction de cession des véhicules importés pendant une durée de trois ans. Cette mesure, inscrite dans l’article 208 de la loi des Finances 2025, renforce ainsi l’article 110 de la loi des Finances 2020 et vise à éviter que les acheteurs ne revendent rapidement leur voiture en profitant des avantages fiscaux liés à l’importation. En d’autres termes, toute personne qui importe un véhicule de moins de trois ans devra le conserver pendant au moins 36 mois avant de pouvoir le revendre, sauf en cas de remboursement d’une partie des avantages fiscaux accordés au moment du dédouanement.
Le gouvernement a toutefois prévu des solutions pour les propriétaires souhaitant vendre leur véhicule avant cette période. Une grille de remboursement progressif a été mise en place en fonction du moment où la revente a lieu. Si la voiture est cédée avant 12 mois, le propriétaire devra rembourser intégralement l’avantage fiscal obtenu lors de l’importation. Entre 12 et 24 mois, ce remboursement sera de 66 %, et entre 24 et 36 mois, il s’élèvera à 33 %. Une fois la période de trois ans écoulée, aucune somme supplémentaire ne sera exigée et le propriétaire pourra vendre librement son véhicule.
Prenons un exemple concret pour mieux comprendre cette nouvelle réglementation. Un acheteur importe une voiture depuis l’étranger et paye 200.000 dinars pour son dédouanement. S’il décide de la revendre avant 12 mois, il devra ajouter 200.000 dinars en remboursement des avantages fiscaux, ce qui porte le coût total à 400.000 dinars. S’il revend entre 12 et 24 mois, il remboursera 66 % de cette somme, soit un total de 332.000 dinars. Ces conditions strictes visent avant tout à dissuader les pratiques spéculatives et à garantir que les voitures importées bénéficient en priorité aux particuliers, plutôt qu’à des intermédiaires cherchant à maximiser leurs profits.
Cartes grises pour les véhicules de moins de 3 ans : le gouvernement veut mettre un fin à la spéculation
La mise en place de cette nouvelle réglementation répond à un problème majeur auquel fait face le marché automobile algérien : la spéculation. Ces dernières années, l’importation des véhicules de moins de trois ans avait donné lieu à des pratiques de revente immédiate, où certains acheteurs importaient des voitures à prix compétitif pour les revendre bien plus cher sur le marché local. Ce phénomène a contribué à la flambée des prix et a privé de nombreux citoyens de l’accès à un véhicule à un coût raisonnable. En imposant des délais de conservation et en conditionnant la revente au remboursement d’avantages fiscaux, le gouvernement espère rétablir un certain équilibre et permettre aux acheteurs d’acquérir des véhicules à des prix plus justes.
Au-delà de la lutte contre la spéculation, cette réforme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à structurer le marché automobile en Algérie. Depuis plusieurs années, le pays fait face à des difficultés en matière d’approvisionnement en véhicules neufs, en raison des restrictions sur l’importation imposées à l’industrie automobile. Cette situation a entraîné une explosion des prix et a rendu l’achat d’un véhicule hors de portée pour une grande partie de la population. En assouplissant l’importation des voitures de moins de trois ans, tout en encadrant leur revente, le gouvernement cherche donc à offrir une alternative plus accessible aux citoyens tout en régulant un secteur devenu difficile à maîtriser.
Reste à voir comment cette nouvelle réglementation sera appliquée sur le terrain. Si elle permet de mieux contrôler le marché et de protéger les consommateurs, il est essentiel que des mesures de suivi soient mises en place afin d’éviter les éventuels contournements. Les autorités devront également veiller à ce que les délais d’obtention des cartes grises soient respectés et que les procédures administratives ne freinent pas les bénéfices attendus par cette réforme.
Cette décision marque un tournant important dans la gestion du marché des véhicules en Algérie. En instaurant des règles claires et en limitant les abus, le gouvernement espère non seulement rétablir une certaine stabilité dans le secteur automobile, mais aussi garantir aux citoyens un accès plus équitable à des véhicules à des prix raisonnables.
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