« Cela finira mal » : Bruno Retailleau catégorique

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Alors que le débat parlementaire sur la fin de vie touche à sa fin, une déclaration de Bruno Retailleau a relancé les tensions autour du projet de loi. Ce samedi 24 mai, les députés ont bouclé l’examen de deux textes clés : l’un portant sur le renforcement des soins palliatifs, l’autre visant à créer un cadre légal pour l’aide à mourir. Le vote en première lecture est prévu pour le mardi 27 mai à l’Assemblée nationale. Parmi les nombreuses dispositions du texte, l’introduction d’un nouveau délit d’entrave à l’accès à l’aide à mourir a fait réagir Bruno Retailleau, actuellement ministre de l’Intérieur.

Bruno Retailleau a pris la parole pour critiquer vivement l’instauration de ce délit, qui prévoit jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Ce délit concernerait ceux qui empêchent ou perturbent l’accès à l’aide à mourir en exerçant des pressions morales, psychologiques, ou en proférant des menaces, y compris à l’encontre des soignants. Sur X, Bruno Retailleau a publié un message dans lequel il déclare : « Instaurer un délit d’entrave à l’aide à mourir avec une peine de deux ans de prison, c’est franchir une limite qui n’est pas supportable. Tendre la main à celui qui souffre est le propre de l’humanité. Est-ce que nous voulons vraiment d’une société qui condamne celui qui tente de redonner des raisons de vivre à celui qui n’en a plus ? Tout cela va beaucoup trop loin, tout cela, je le dis, finira mal. On ne peut pas être coupable de compassion ».

Les propos de Bruno Retailleau interviennent dans un contexte où les travaux parlementaires ont été marqués par un climat calme et constructif. Toutefois, cette prise de position isolée souligne que certaines dispositions du texte restent sensibles, notamment lorsqu’elles touchent aux libertés individuelles et à l’accompagnement en fin de vie. Bruno Retailleau, dans ses déclarations, concentre ses critiques sur les risques d’interprétation du délit, qu’il juge trop large et potentiellement répressif dans des situations où l’intention première ne serait pas de nuire.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, chargée de l’accompagnement du texte à l’Assemblée, a tenu à répondre directement à ces préoccupations. Elle a expliqué que les discussions ou conseils prodigués dans le cadre familial ou amical ne relèvent pas de ce délit. Catherine Vautrin a précisé dans l’Hémicycle : « Ce que l’on est conduit à dire dans un cercle amical, familial, est évidemment une approche personnelle qui n’est pas constitutive d’un délit d’entrave ». Elle a insisté sur le fait que « proposer des soins palliatifs, des alternatives ou d’autres perspectives, de faire part d’un doute, d’ouvrir un dialogue ou même de retarder une décision jugée prématurée ne peut pas être regardé comme une pression ». Elle a également rappelé que le Conseil constitutionnel serait le garant du bon équilibre du dispositif.

Le débat parlementaire autour de l’aide à mourir continue d’opposer des visions différentes de l’éthique, de la loi et des droits individuels. Alors que la majorité des discussions ont porté sur des aspects techniques et médicaux, la question soulevée par Bruno Retailleau ouvre un autre volet, plus symbolique, sur les limites entre liberté d’expression, accompagnement et infraction pénale. Le vote du 27 mai devra trancher sur ce point comme sur l’ensemble du projet. Le rôle de Bruno Retailleau dans cette séquence reste celui d’un acteur institutionnel exprimant une position tranchée, mais intégrée au cadre républicain du débat démocratique.