Une tablette de chocolat, née dans les vitrines de Dubaï, est en train de bouleverser l’équilibre d’un marché mondial. À première vue, rien de plus anodin qu’un carré sucré à base de pistache. Pourtant, cette création locale, composée de chocolat, de crème de pistache onctueuse et de cheveux d’ange, a déclenché une vague planétaire inattendue. Tout est parti d’une vidéo, simple et sans prétention, publiée sur TikTok par Maria Vehera. En croquant dans le fameux chocolat Dubaï, elle ne se doutait pas que son clip deviendrait viral, atteignant plus de 120 millions de vues.
Du jour au lendemain, cette friandise autrefois réservée à une poignée de gourmands aux Émirats arabes unis est devenue un objet de convoitise internationale. Les consommateurs, fascinés par son apparence luxueuse et son cœur fondant à la pistache, en ont fait une obsession. Pourtant, le chocolat Dubaï reste un produit rare, uniquement vendu localement. Cet obstacle logistique n’a fait que renforcer l’intérêt et l’exclusivité autour du produit.
Face à cet engouement, de nombreuses marques internationales se sont ruées pour proposer leur propre interprétation du chocolat Dubaï. Le marché a été submergé de créations inspirées, toutes avec un ingrédient commun : la pistache. C’est ici que les choses se compliquent. Car cette soudaine explosion de la demande mondiale pour la pistache intervient dans un contexte déjà tendu.
Selon Giles Hacking, négociant spécialisé dans les fruits à coque chez CG Hacking, les prix de la pistache ont connu une envolée. En une année, la livre de pistaches est passée de 7,65 dollars à 10,30 dollars, soit une hausse d’environ 35 %. Pour les professionnels du secteur, la situation est critique. « Le monde de la pistache est pratiquement à sec en ce moment », a-t-il confié au Financial Times, soulignant une pénurie qui ne cesse de s’aggraver.
En réalité, les tensions sur l’offre ne datent pas de la mode du chocolat Dubaï. Aux États-Unis, premier producteur et exportateur mondial de pistaches, la dernière récolte n’a pas été à la hauteur des attentes. Les conditions météorologiques, ainsi que d’autres facteurs agricoles, ont limité les volumes disponibles sur le marché international. Et même si la qualité de cette récolte s’est révélée supérieure à la moyenne, elle a eu pour effet de réduire la quantité de pistaches bon marché généralement destinées à l’industrie alimentaire. En d’autres termes, les pistaches sans coquilles, utilisées dans les crèmes, les glaces ou les tablettes, se sont faites rares bien avant la déferlante TikTok.
Avec le phénomène Dubaï, les industriels se retrouvent donc à court. Les chocolatiers du monde entier ont commencé à acheter en masse tous les stocks disponibles, mettant les autres filières alimentaires en difficulté. Il devient aujourd’hui difficile, voire impossible, pour certains artisans et fabricants de maintenir la production de produits à base de pistache. Une question se pose désormais chez les amateurs : y aura-t-il encore des glaces à la pistache cet été ?
Les conséquences de cette frénésie ne sont pas que conjoncturelles. Cette situation montre comment un simple phénomène sur les réseaux sociaux peut bouleverser l’équilibre d’un secteur tout entier. Des chaînes d’approvisionnement longues et fragiles peuvent céder face à une demande soudaine et massive, comme celle générée par le chocolat Dubaï.
Tant que le produit restera confiné aux Émirats arabes unis et tant que les marques continueront à suivre cette tendance, la pression sur le marché de la pistache ne risque pas de faiblir. En attendant, les spéculateurs surveillent les cours, les importateurs cherchent désespérément de nouvelles sources, et les gourmands, eux, croisent les doigts pour que la prochaine bouchée de crème de pistache ne devienne pas un luxe réservé à quelques privilégiés.
Lire également :
Allocation touristique de 750 euros : un changement inattendu appliqué ?
Change euro dinar : les Algériens de France face à une nouvelle alerte
France : un Algérien affirme avoir « bossé 12 heures pour 7 euros »