Dans le paysage médiatique français, la moindre reconnaissance venue d’Algérie semble parfois transformer un journaliste en figure controversée. C’est le cas de Jean-Michel Aphatie, qui, après avoir été qualifié de « très grand journaliste » par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, se retrouve désigné comme un « allié de l’Algérie » et donc, implicitement, un « ennemi de la France », selon les mots de l’avocate Sarah Saldmann sur le plateau de CNews.
« Le président Tebboune a félicité le journaliste Jean-Michel Aphatie, on peut en tirer une conséquence : c’est un allié de l’Algérie, et donc un ennemi de la France. Regardez à quel point l’Algérie nous marche dessus, et finalement Mr Tebboune trouve des alliés, en les personnes de Aphatie et consorts », a insisté l’avocate Sarah Saldmann sur le plateau de Cnews.
Ce commentaire illustre une tension palpable autour des relations franco-algériennes, où le passé colonial continue d’alimenter les débats et les crispations. L’affaire Jean-Michel Aphatie en est une illustration frappante. Il avait été sanctionné par RTL pour avoir tenu des propos jugés dérangeants sur la guerre d’Algérie, un sujet qui, manifestement, reste difficile à aborder sans susciter de vives réactions.
De son côté, le président algérien a récemment affirmé que le contentieux entre l’Algérie et la France était avant tout « un brouhaha politique », créé artificiellement et entretenu par des intérêts divers. Lors de son entrevue avec la presse nationale, il a tenu à rappeler que la relation entre les deux pays reposait avant tout sur des échanges directs entre chefs d’État. « Nous travaillons ensemble avec le président Macron. Il y a eu des moments d’incompréhension, mais il reste notre interlocuteur privilégié », a-t-il affirmé, tout en soulignant que le traitement de ces questions était confié à son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
Dans ce contexte tendu, les accusations portées à l’encontre de Jean-Michel Aphatie résonnent comme un symptôme supplémentaire du malaise qui persiste entre Paris et Alger. Pour certains, l’attitude de la France vis-à-vis des personnalités qui osent aborder ces sujets de front traduit une difficulté à affronter pleinement son passé. Pour d’autres, c’est une question de positionnement politique : recevoir les félicitations du président algérien devient, pour certains cercles, un marqueur suffisant pour être désigné comme un « traître ».
Le président Tebboune, quant à lui, a élargi la discussion en s’interrogeant sur le concept même de liberté d’expression en France. « On nous parle de liberté d’expression (…) pour eux (les Français), la liberté est je dis ce que je veux et tu te la fermes. Le très grand journaliste Jean-Michel Aphatie a été sanctionné après avoir dit des vérités sur l’Algérie. », a-t-il lancé, en citant notamment des figures de la lutte pour la vérité et la justice, qu’elles soient françaises ou algériennes. Il a rappelé les engagements de personnalités comme Jean-Paul Sartre, Gisèle Halimi ou encore Maurice Audin, qui, en leur temps, avaient déjà été victimes de pressions pour avoir défendu des vérités qui dérangent.
Cette polémique met en lumière les défis posés par la mémoire coloniale dans les relations franco-algériennes. Si certains tentent d’entretenir le dialogue et d’affronter l’histoire avec sincérité, d’autres préfèrent instrumentaliser ces débats à des fins politiques. Jean-Michel Aphatie, en osant mettre en lumière des faits historiques parfois occultés, se retrouve ainsi propulsé au centre d’un tourbillon où se mêlent enjeux médiatiques, diplomatiques et politiques.
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