Medhi F., âgé de 31 ans, est en pleine transition de genre et craint de subir des persécutions en Algérie en raison de sa transidentité. Sa défense, portée par son avocate Me Isabelle Zribi, a souligné les risques qu’il encourt s’il devait retourner dans son pays d’origine. En Algérie, les personnes LGBT+ sont souvent victimes de violences, de discrimination et de persécutions, et la situation de Medhi est d’autant plus préoccupante compte tenu de son passé judiciaire.
Initialement, en novembre 2020, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) avait refusé la demande de protection, invoquant l’article L. 511-7 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). Cet article permet aux autorités de refuser ou de retirer le statut de réfugié à une personne ayant été condamnée pour des crimes graves, en raison du danger potentiel qu’elle représente pour la société. Cependant, le cas de Medhi F. a pris un tournant après qu’il ait déposé un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), qui a annulé la décision de l’Ofpra en avril 2023.
Dans son jugement, la CNDA a noté que Medhi, qui vit en France depuis 14 ans, avait entrepris des démarches d’insertion professionnelle et avait suivi des soins médicaux en détention, entraînant ainsi une réduction de sa peine. Ce constat a joué un rôle clé dans la décision des juges, qui ont considéré son comportement positif depuis la commission des infractions. De plus, un certificat médical a conclu qu’il n’existait aucune preuve d’une éventuelle récidive. En d’autres termes, les juges ont estimé que la menace que représentait Medhi pour la société française n’était pas suffisamment établie.
Le Conseil d’État, saisi par l’Ofpra, a finalement confirmé cette décision en juillet 2023, rappelant que les infractions pénales ne peuvent à elles seules justifier le refus du statut de réfugié. Cette affirmation souligne la nécessité d’examiner chaque cas individuellement, en tenant compte des circonstances personnelles de l’individu et des risques qu’il encourt en cas de retour dans son pays d’origine.
Cette décision a provoqué des réactions partagées au sein de l’opinion publique. D’une part, certains saluent la reconnaissance des droits des personnes transgenres et le fait que le Conseil d’État prenne en compte les risques de persécution. D’autre part, d’autres s’inquiètent de la sécurité publique, estimant que la protection des réfugiés ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des citoyens. Le débat sur l’asile est particulièrement sensible en France, où des affaires récentes de violence ont ravivé les inquiétudes autour de la criminalité et de l’immigration.
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