Conduite en Algérie : qui est concerné par la nouvelle amende de 150 millions ?

Permis de conduire France Algérie examens du code

Un vent de sévérité devrait souffler incessamment sur les routes algériennes. Le nouveau projet de loi sur la circulation routière, qui sera présenté ce dimanche 7 décembre devant la Commission des Transports, des Communications et des Télécommunications de l’Assemblée Populaire Nationale, promet de transformer radicalement le quotidien des conducteurs de poids lourds. Avec des sanctions pouvant atteindre 15 ans de prison et 150 millions de centimes d’amende, les infractions liées à la surcharge et à la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants deviennent désormais un terrain où chaque geste peut coûter très cher en Algérie.

Le texte distingue différentes catégories d’infractions. Dans la troisième catégorie, les excès de poids autorisé sont scrutés à la loupe. Une surcharge par rapport au poids total autorisé en charge (PTAC) ou par essieu allant jusqu’à 10 % entraîne une amende de 9 000 DA. Pour un dépassement compris entre 10 et 20 %, l’amende grimpe à 12 000 DA, et pour toute surcharge entre 20 et 30 %, le propriétaire du véhicule devra s’acquitter de 18 000 DA. Si plusieurs infractions sont constatées simultanément sur un véhicule, la sanction la plus lourde s’applique. Pour les véhicules dont plusieurs essieux sont en surcharge, le calcul se fait sur l’essieu le plus chargé. Cette approche démontre que la loi vise une régulation précise, sans laisser de place aux interprétations.

Mais les sanctions les plus frappantes concernent les situations dites aggravantes. L’article 126 du projet stipule que tout conducteur de poids lourd ayant provoqué un décès involontaire sous l’emprise de l’alcool ou de drogues sera puni d’une peine de 10 à 15 ans de prison et d’une amende allant jusqu’à 150 millions de centimes. Ces règles s’appliquent à tous les véhicules lourds, qu’ils transportent des marchandises, des passagers scolaires ou collectifs, ou même des matières dangereuses. Les autorités ont clairement voulu marquer les esprits : la sécurité des routes prime sur tout.

Les conducteurs qui ne respectent pas les temps de conduite et de repos ne sont pas épargnés. Le non-respect de ces obligations entraînant un homicide involontaire pour les véhicules de plus de 3,5 tonnes ou transportant plus de neuf passagers est sanctionné par une peine de 5 à 10 ans de prison et des amendes de 500 000 à 1 000 000 DA. Les blessures involontaires, quant à elles, peuvent coûter entre 2 et 10 ans de prison, selon que l’incident soit lié à l’alcool, aux drogues ou à un simple non-respect des règles de conduite.

Pour préparer la mise en application de ces nouvelles mesures, la Gendarmerie Nationale a commencé à intensifier les contrôles sur les camions, en particulier sur l’autoroute Est-Ouest. L’objectif est double : prévenir les accidents avant qu’ils ne surviennent et faire comprendre aux conducteurs que la surcharge ou la conduite sous influence ne sera plus tolérée. Les contrôles renforcés constituent ainsi un signal fort adressé aux conducteurs, mais aussi aux propriétaires d’entreprises de transport.

Ce projet de loi traduit une volonté claire des autorités : réduire drastiquement la mortalité sur les routes et responsabiliser tous les acteurs du transport lourd. En encadrant de manière stricte les excès de poids et les comportements à risque, le gouvernement espère limiter les accidents graves, protéger les biens publics et privés et sécuriser la circulation sur les axes routiers stratégiques du pays. Cette démarche s’inscrit dans un cadre plus large de sécurité routière, visant à créer un environnement où chaque conducteur comprend que ses choix peuvent avoir des conséquences irréversibles.