Le paysage urbain est marqué par une problématique récurrente en Algérie : celle des constructions inachevées. Ces bâtisses, dont les intérieurs sont souvent habitables et même confortables, restent figées dans une phase brute, exposant des façades en briques nues qui dénaturent les villes et villages du pays. Ce phénomène, devenu presque banal au fil des ans, reflète un désordre architectural et urbanistique auquel les autorités algériennes souhaitent désormais mettre un terme de manière ferme et définitive.
Lors d’un récent Conseil du gouvernement, le président Abdelmadjid Tebboune a exprimé son exaspération face à cette situation. Il a décrit avec précision le contraste saisissant entre l’intérieur aménagé de ces habitations et leur extérieur laissé à l’abandon. « Imaginez des maisons où l’intérieur est habité, meublé, parfois même chaleureux, tandis que l’extérieur reste figé dans une éternité de briques nues », a-t-il déclaré, avant de poser une question rhétorique : « Pourquoi ce phénomène persiste-t-il ? » Ce constat, partagé par de nombreux citoyens, appelle à des actions concrètes pour réhabiliter le paysage urbain du pays.
Face à ce défi, le gouvernement algérien a décidé de durcir le ton. Les propriétaires récalcitrants qui n’achèveront pas leurs constructions dans les délais impartis pourraient voir l’État intervenir directement, et ce, à leurs frais. Cette stratégie vise à responsabiliser les citoyens tout en mettant un coup d’arrêt à cette anarchie architecturale qui gangrène le territoire. Le président Tebboune a souligné l’importance de redonner aux habitations un visage complet, non seulement pour des raisons esthétiques, mais également pour préserver la cohérence et l’harmonie des espaces urbains.
Ce problème n’est pas nouveau en Algérie. Depuis la promulgation de la loi de 2008 sur l’achèvement des constructions, plusieurs délais de grâce ont été accordés aux propriétaires pour leur permettre de se conformer aux normes en vigueur. Toutefois, ces initiatives n’ont pas produit les résultats escomptés, et les constructions inachevées continuent de proliférer. Le phénomène reflète non seulement un manque de suivi, mais également une certaine tolérance qui a permis à cette pratique de se normaliser avec le temps.
L’ampleur de ce désordre urbanistique est particulièrement visible dans les grandes villes, où des quartiers entiers sont composés de maisons à moitié terminées, entourées de structures aux styles disparates. Cela contribue à créer un environnement dégradé, éloigné des standards architecturaux modernes. Cette situation n’est pas sans conséquences, affectant non seulement l’esthétique des espaces publics, mais aussi le bien-être des habitants. Les autorités algériennes reconnaissent que la régulation du secteur de la construction est un enjeu clé pour instaurer un urbanisme durable et harmonieux.
Pour répondre à cette problématique relative aux constructions inachevées en Algérie, une feuille de route sera prochainement présentée au sein du gouvernement. Celle-ci vise à établir un cadre législatif strict et à renforcer les mécanismes de contrôle des projets immobiliers. L’objectif est de s’assurer que les constructions soient menées à terme dans des délais raisonnables et qu’elles respectent des normes architecturales claires. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation pourraient être mises en place pour convaincre les propriétaires de l’importance de finaliser leurs bâtisses.
Le président Tebboune a insisté sur la nécessité d’agir rapidement et efficacement, soulignant que l’État n’hésitera pas à prendre les devants si les propriétaires ne respectent pas leurs obligations. Cette approche, bien que coercitive, reflète une volonté de préserver le patrimoine urbain et de garantir un cadre de vie décent pour tous les citoyens. En dépit des défis logistiques et financiers que cela représente, le gouvernement semble déterminé à mettre fin à ce fléau.
Le phénomène des constructions inachevées en Algérie est une problématique complexe qui exige une réponse globale, combinant réglementation stricte, sensibilisation citoyenne et suivi rigoureux. Si les mesures annoncées par les autorités sont mises en œuvre de manière effective, elles pourraient marquer un tournant dans la gestion de l’urbanisme algérien. Ce dernier avertissement lancé par le président Tebboune traduit une prise de conscience de l’urgence d’agir pour redonner aux villes et villages du pays un visage digne de leur riche patrimoine et de leurs ambitions futures.
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