Les médias français ont récemment provoqué une vague d’inquiétude en annonçant de manière erronée la fermeture totale du consulat d’Algérie à Marseille, ainsi que ceux de Montpellier et de Nice. Une information inexacte qui a semé le trouble au sein de la diaspora algérienne, habituée à solliciter ces institutions pour des démarches administratives essentielles, telles que le renouvellement de passeports, les demandes de visa ou encore les actes d’état civil.
Cependant, sur le terrain, la réalité est tout autre. Les services consulaires fonctionnent normalement, comme en témoignent de nombreux usagers. La confusion a pris de l’ampleur dans un contexte diplomatique déjà tendu entre la France et l’Algérie. Une tension ravivée par des différends récents, notamment le rejet par Alger d’une liste de ressortissants à expulser, présentée par les autorités françaises. En réponse, la France a suspendu l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens, une décision annoncée par le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau.
Le responsable français a également promis une « riposte graduée », cherchant à instaurer un « rapport de force » avec Alger. Parallèlement, la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis la mi-novembre, a ajouté une couche supplémentaire à cette crispation diplomatique.
Devant le consulat d’Algérie à Marseille, rue Paradis, l’ambiance est loin du chaos présenté par certains médias. « C’est une situation désagréable, mais ce n’est pas une fermeture », souligne un résident marseillais d’origine algérienne, venu pour se faire délivrer des documents. « Les gens ont besoin de faire leurs papiers, et tout fonctionne comme avant. »
Pour la communauté algérienne, ces tensions diplomatiques ne doivent pas impacter leur quotidien. « Il ne faut pas faire d’amalgames », prévient Kamal, un Franco-algérien de 46 ans interrogé par Le Progrès. « Les décisions politiques concernent les états, pas les peuples. Ici, à Marseille, on vit ensemble sans problème. » Il pointe du doigt « le cirque médiatique » qui envenime la situation. « Tout cela tourne en boucle sur les chaînes d’info, mais dans la vraie vie, rien n’a changé. »
Contrairement aux rumeurs alarmistes, la suspension des relations consulaires entre l’Algérie et certaines préfectures françaises ne signifie pas la fermeture des consulats. La décision d’Alger concerne uniquement la délivrance des laissez-passer consulaires, documents indispensables à l’expulsion des ressortissants en situation irrégulière. C’est une réaction à ce que les autorités algériennes considèrent comme des « campagnes successives de poursuites » contre les migrants algériens en France.
Après Marseille et Montpellier, l’Algérie a étendu cette suspension de coopération consulaire à la ville de Nice. Selon Europe 1, cette décision signifie que « les procédures consulaires liées aux détenus et aux ressortissants algériens en situation irrégulière seront suspendues ». En d’autres termes, les autorités françaises ne peuvent plus solliciter l’aide des consulats pour vérifier l’identité des sans-papiers présumés algériens.
Malgré le climat diplomatique tendu, la diaspora algérienne continue d’accomplir ses démarches administratives normalement au niveau de tous les consulats, y compris au consulat d’Algérie à Marseille. Cette bourde des médias français souligne l’importance de vérifier les informations avant de les diffuser massivement, au risque d’attiser inutilement les tensions et de semer la confusion parmi les populations concernées.
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