Le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025, présenté récemment par le gouvernement algérien, marque un tournant significatif dans la régulation des transactions financières. Une des mesures phares de ce projet est l’interdiction du paiement en espèces pour l’achat de biens immobiliers, de véhicules neufs, de bateaux de plaisance, ainsi que pour la souscription de toutes les polices d’assurance obligatoires en Algérie. Cette initiative, si elle est adoptée, entrera en vigueur l’année prochaine et vise à assainir des secteurs économiques souvent associés à des pratiques illicites.
Cette décision a été précisée dans l’article 202 du projet de loi, qui stipule que « les transactions citées doivent être effectuées par des moyens autres que l’espèce, à travers les circuits bancaires et financiers ». L’objectif sous-jacent à cette mesure est de renforcer la transparence financière et de combattre des problèmes structurels tels que l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent, et l’économie informelle, qui prospèrent souvent dans l’ombre des transactions en espèces. L’immobilier, en particulier, a longtemps été un secteur privilégié pour le blanchiment d’argent, permettant à des fonds d’origine douteuse de se fondre dans l’économie légale. En rendant ces transactions traçables, le gouvernement espère non seulement réduire le blanchiment d’argent, mais aussi tarir une source de financement pour des activités criminelles. En effet, les transactions en espèces permettent souvent de dissimuler l’origine des fonds, rendant difficile leur traçabilité par les autorités fiscales.
L’interdiction du paiement en espèces en Algérie pourrait également s’étendre à d’autres domaines, comme les transactions importantes dans le commerce ou l’industrie, où la transparence est cruciale pour prévenir des abus. En facilitant la traçabilité des transactions, le gouvernement cherche à établir un cadre économique plus sain, où les pratiques illicites seraient plus facilement détectables. Cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large de dématérialisation des paiements. Le gouvernement algérien vise à promouvoir l’utilisation des moyens de paiement scripturaux, c’est-à-dire non matériels, pour encourager l’inclusion financière et fiscale. En favorisant les transactions électroniques et bancaires, le projet de loi de finances 2025 souhaite moderniser le paysage économique du pays. Les paiements électroniques, qu’il s’agisse de virements bancaires ou d’autres moyens de paiement numériques, offrent une meilleure traçabilité et renforcent la lutte contre la corruption et les pratiques frauduleuses.
En supprimant les paiements en espèces pour des transactions d’un montant significatif, les autorités espèrent également sensibiliser la population à l’importance de la régularité fiscale. L’inclusion financière est un enjeu majeur pour le développement économique de l’Algérie. En favorisant l’accès à des services financiers formels, le gouvernement pourrait améliorer la situation économique de nombreuses personnes qui, jusqu’à présent, ont été exclues des circuits bancaires traditionnels. Cette mesure pourrait également encourager les investisseurs étrangers à participer à l’économie algérienne, en renforçant la confiance dans un système financier plus transparent et plus rigoureux. Les transactions effectuées par des moyens sécurisés et traçables sont souvent perçues comme moins risquées par les investisseurs.
Le projet de loi de finances 2025 représente une avancée importante vers la modernisation du cadre économique algérien. En interdisant le paiement en espèces pour certaines transactions, le gouvernement s’engage à lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, tout en renforçant la transparence financière. Cette initiative devrait également favoriser une plus grande inclusion financière, essentielle pour le développement économique durable du pays. Si cette mesure est adoptée, elle marquera une nouvelle étape dans la régulation des transactions économiques en Algérie, posant ainsi les bases d’un avenir financier plus transparent et plus responsable. Les acteurs économiques, qu’ils soient citoyens ou entreprises, devront s’adapter à cette nouvelle réalité, qui pourrait transformer en profondeur le paysage économique algérien.
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