Dans les arcanes de la diplomatie, les alliances et les compromis ne sont pas toujours évidents à décrypter. Un récent développement a secoué les relations entre l’Algérie et la France, suscitant surprise et déception du côté algérien. Alors que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, espérait une reconnaissance de la souveraineté du Sahara Occidental par la France, celle-ci a plutôt opté pour un geste envers le Maroc, semant le doute sur les véritables intentions de Paris.
Le ministre français au Commerce extérieur, Franck Riester, en visite au Maroc, a annoncé que la France était prête à investir aux côtés du Maroc au Sahara occidental, territoire revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Cette déclaration a été perçue comme une trahison par une partie de l’opinion publique en Algérie, qui attendait un geste de la France en faveur de la cause sahraouie.
« Nous devons faire en sorte de travailler ensemble, nous avons des intérêts communs », a déclaré Franck Riester, soulignant ainsi la volonté de la France de renforcer ses liens avec le Maroc, malgré les tensions persistantes dans la région. Cette annonce a été interprétée comme un signe de mépris envers les aspirations du peuple sahraoui et comme une concession aux intérêts marocains.
La France, premier investisseur étranger au Maroc, cherche à consolider sa position dans la région en soutenant les efforts du Maroc pour développer le Sahara occidental. Franck Riester a évoqué la possibilité pour Proparco, filiale de l’Agence française de développement, de contribuer au financement d’infrastructures dans la région, notamment une ligne haute tension entre Dakhla et Casablanca.
Cependant, cette décision a suscité des critiques en Algérie, où l’on perçoit ce geste comme une trahison envers la cause sahraouie et une déception quant aux espoirs placés dans la relation franco-algérienne. Malgré les tentatives de réchauffement des relations entre les deux pays, cette annonce risque de raviver les tensions et de compliquer davantage les efforts de rapprochement.
Dans ce contexte délicat, le président Tebboune et les dirigeants algériens pourraient être amenés à reconsidérer leur approche vis-à-vis de la France et à explorer d’autres options pour défendre les intérêts de l’Algérie et soutenir la cause sahraouie face au Maroc.
Ainsi, alors que les relations internationales sont souvent sujettes à des compromis et des intérêts divergents, il reste à voir comment cette décision influencera l’avenir des relations franco-algériennes et la résolution du conflit au Sahara occidental.
Maroc :Tebboune a pourtant tendu la main à la France en confirmant sa visite
Dans un entretien télévisé diffusé le samedi 30 mars, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’il se rendra en France à l’automne prochain. Cette visite, maintes fois reportée, revêt une importance particulière pour les relations entre les deux pays après plusieurs crises diplomatiques.
L’Élysée avait déjà annoncé le 11 mars dernier que le président algérien effectuerait une visite d’État en France « fin septembre-début octobre ». Cette confirmation de la part du président Tebboune est perçue comme une avancée significative dans la normalisation des relations entre l’Algérie et la France.
Dans ses déclarations, le président Tebboune a souligné l’importance de cette visite, la qualifiant de « rendez-vous historique ». Il a également précisé qu’il ne s’agissait pas seulement d’une rencontre entre deux présidents, mais d’un moment crucial pour l’histoire des deux nations.
Cette annonce suscite l’espoir d’un renforcement des liens bilatéraux et d’une résolution des différends qui ont marqué les relations entre l’Algérie et la France ces dernières années. Les attentes sont grandes, et cette visite pourrait marquer un tournant dans la coopération entre les deux pays.
Maroc, Sahara occidental : la position de Tebboune et de l’Algérie n’a jamais changé
Il est à rappeler que, dans un discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations Unies le mardi 19 septembre 2023, le président Tebboune a rappelé avec force l’engagement indéfectible de l’Algérie envers les causes justes dans le monde. En mettant particulièrement l’accent sur les questions palestinienne et sahraouie, il a réaffirmé la position de son pays en faveur de la justice et de la liberté pour tous les peuples opprimés.
« L’Algérie, qui connaît bien le prix du recouvrement de la liberté, ne renoncera pas à son appui aux causes justes et à son soutien aux peuples opprimés qui luttent pour leur affranchissement », a déclaré le président Tebboune, soulignant ainsi la solidarité de son pays avec les peuples du monde entier qui aspirent à la liberté et à la dignité.
Le discours du président Tebboune a mis en lumière l’engagement continu de l’Algérie envers la cause palestinienne. Il a rappelé le droit inaliénable du peuple palestinien à établir son propre État indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Le président a souligné que l’Algérie avait joué un rôle actif dans la promotion de cette cause, en organisant notamment un congrès rassembleur des factions palestiniennes à Alger en décembre 2022.
En outre, le président Tebboune a réitéré l’attachement de l’Algérie au plan de paix arabe comme cadre de règlement de la question palestinienne. Il a appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité morale et historique en permettant au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination et de recouvrer entièrement ses droits. Le président a également appelé la Cour internationale de justice à répondre à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU du 30 décembre 2022 de rendre un avis consultatif sur les pratiques attentatoires aux droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés.
En ce qui concerne la question du Sahara occidental, le président Tebboune a souligné que ce territoire constituait la dernière colonie en Afrique. Il a rappelé l’aspiration de l’Algérie et du continent africain à liquider définitivement la colonisation et à permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination à travers un référendum libre et honnête. Le président a dénoncé les tentatives visant à créer une légitimité à partir d’une non-légitimité et a souligné la responsabilité de l’ONU de défendre la crédibilité de ses décisions.
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