Le climat diplomatique entre la France et l’Algérie continue de se tendre, alimenté par une série de décisions et contre-décisions qui traduisent un bras de fer sans précédent. Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, a dévoilé ce mardi 18 mars une série de mesures de rétorsion après le rejet catégorique par l’Algérie d’une liste d’expulsés prioritaires transmise par Paris. Une posture qui semble s’inscrire dans une logique d’escalade, où chaque partie campe fermement sur ses positions.
L’annonce de Darmanin s’inscrit dans la continuité de la « riposte graduée » évoquée la veille par Bruno Retailleau contre l’Algérie. Intervenant sur TF1, le garde des Sceaux a énuméré plusieurs mesures susceptibles de marquer un tournant dans la politique française à l’égard de l’Algérie. Parmi elles, le rappel de l’ambassadeur français en Algérie figure en première ligne. Cette proposition de Darmanin intervient en réaction au rappel de l’ambassadeur algérien en juillet 2024, une décision perçue comme un message fort de la part de l’Algérie.
Darmanin ne s’est pas arrêté là. Il a également évoqué la possibilité de mettre fin aux passeports diplomatiques, un privilège qui permet aux détenteurs algériens de circuler plus librement en France, notamment pour des soins médicaux ou des séjours de convenance. Cette mesure pourrait constituer un levier stratégique pour Paris, en ciblant directement les élites politiques et diplomatiques algériennes. « Avant de toucher les gens de la rue, nous avons à toucher les dirigeants politiques », a affirmé Darmanin, sous-entendant que cette riposte pourrait être progressive.
Dans un climat où les tensions s’intensifient, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a également pris la parole pour appuyer cette ligne dure. Interrogée sur RTL, elle a laissé entendre que les visas de travail pourraient être restreints pour les travailleurs algériens, une mesure qui s’inscrirait dans cette stratégie de réponse proportionnée aux décisions d’Alger. Une telle orientation marquerait un tournant dans les relations franco-algériennes, notamment en matière de circulation et d’emploi, des sujets historiquement sensibles entre les deux pays.
Mais au-delà des déclarations politiques et des mesures annoncées, cette crise soulève des interrogations plus profondes. Le rejet par l’Algérie de la liste d’expulsés français s’inscrit dans un contexte où Alger entend s’affirmer davantage sur la scène diplomatique. Le pays refuse désormais de se plier aux injonctions françaises, préférant dicter ses propres conditions. Cette posture, qui pourrait être perçue comme un défi direct, pousse Paris à réagir avec fermeté pour éviter de donner l’image d’un pays affaibli dans sa gestion des questions migratoires.
Le traité franco-algérien de 1968, qui accorde aux Algériens un statut particulier en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France, pourrait lui aussi être remis en question. Retailleau l’a d’ailleurs évoqué en affirmant que si la situation continuait de se détériorer, cet accord serait réexaminé. Une telle remise en cause aurait des conséquences profondes, tant pour les ressortissants algériens vivant en France que pour les relations diplomatiques entre les deux nations.
Dans les coulisses, les chancelleries des deux pays s’activent, tentant d’éviter un point de non-retour. Si Paris semble décidé à répondre par une escalade mesurée, Alger ne semble pas prêt à céder sous la pression. Cette crise diplomatique, loin d’être un simple différend passager, pourrait redéfinir durablement les rapports entre la France et l’Algérie, dans un contexte où les équilibres géopolitiques évoluent sans cesse.
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