Depuis plusieurs mois, les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par une tension de plus en plus palpable, dont l’intensification s’est particulièrement manifestée début janvier 2025. L’affaire des influenceurs algériens, suivie de l’expulsion controversée de Doualemn, a exacerbé un climat déjà tendu, plongeant les deux nations dans une crise diplomatique inédite. Cette situation a suscité une série de réactions, tant en France qu’en Algérie, et la question sur les actions qu’Emmanuel Macron prendra désormais devient de plus en plus pressante.
Les tensions ont pris une tournure décisive à la suite des propos et actions de certains influenceurs algériens dont les déclarations ont été jugées provocatrices par les autorités françaises. L’incident le plus marquant fut celui de l’expulsion de Doualemn, un influenceur algérien qui, après avoir été arrêté à Montpellier, a été renvoyé vers l’Algérie, seulement pour se retrouver ensuite refoulé par les autorités algériennes. Cette situation a mis à jour un profond désaccord diplomatique entre les deux pays. En effet, le refus d’Algérie d’accepter un citoyen algérien sur son territoire a été perçu par Paris comme un affront, ce qui a entraîné des déclarations enflammées, notamment de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français. Ce dernier a exprimé son inquiétude face à ce qu’il considère comme une escalade de la crise, qualifiant la situation d’ »extrêmement inquiétante » et de « jamais-vue ».
La tension entre les deux pays ne se limite cependant pas aux seuls incidents diplomatiques liés aux influenceurs. La question du Sahara occidental, un territoire contesté, reste un sujet central de discorde. En juillet 2024, la France a modifié sa position en reconnaissant la souveraineté marocaine sur ce territoire, ce qui a provoqué une vive réaction d’Alger. L’Algérie, soutien historique du Front Polisario qui milite pour l’indépendance du Sahara occidental, a immédiatement condamné cette décision, rappelant son ambassadeur et accusant la France de soutenir une « légitimité marocaine » qui, selon Alger, ne respecte pas les résolutions internationales. Cette prise de position de la France a non seulement ravivé les rancœurs entre les deux gouvernements, mais a aussi déclenché une série de protestations populaires en Algérie et des manifestations en France, principalement au sein des communautés algériennes.
À cela s’ajoutent des éléments internes supplémentaires qui ont exacerbé les relations bilatérales, comme l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, un incident qui a particulièrement énervé Emmanuel Macron. Le président français n’a pas manqué de dénoncer ce qu’il a appelé « une détention arbitraire » de l’écrivain, et a exprimé son désaveu envers la gestion de ce dossier par Alger.
Face à ce climat de tensions croissantes, Emmanuel Macron se trouve dans une position délicate. D’une part, selon Retailleau, la France doit répondre aux « provocations et aux actions jugées inacceptables de l’Algérie ». D’autre part, elle doit aussi gérer les conséquences d’une rupture potentielle avec un partenaire stratégique en Afrique du Nord. Le président français est confronté à des voix discordantes au sein de son propre gouvernement, certains comme Bruno Retailleau appelant à des mesures fermes contre l’Algérie, tandis que d’autres, comme Jean-Noël Barrot, préconisent la restauration du dialogue pour éviter une rupture définitive.
La question demeure donc : quelles mesures Emmanuel Macron prendra-t-il face à cette crise diplomatique ? Le président français semble d’abord vouloir privilégier la diplomatie, et des réunions ministérielles devraient être organisées dans les prochains jours pour discuter des voies à suivre. Toutefois, les choix qui s’imposeront risquent d’être lourds de conséquences. Si la France décide de durcir le ton, cela pourrait aggraver encore davantage les relations, tandis qu’une position plus apaisée pourrait offrir une chance de désamorcer cette crise.
En attendant, la situation reste tendue et le rôle de la France dans la région, ainsi que ses relations avec l’Algérie, se trouvent sur le fil du rasoir. Si Emmanuel Macron réussit à apaiser la crise, il pourrait relancer une relation bilatérale constructive, mais chaque geste et chaque parole seront désormais scrutés de près. Le dénouement de cette crise pourrait aussi avoir un impact considérable sur la politique étrangère de la France dans la région, notamment en ce qui concerne sa relation avec le Maroc et son rôle au sein de l’Union Européenne.
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