L’Aïd el-Fitr, moment de joie et de communion pour les musulmans du monde entier, a pris cette année une tournure inattendue pour de nombreux Algériens vivant entre la France et l’Algérie. La différence dans l’observation du croissant lunaire a entraîné une célébration de l’Aïd le dimanche 30 mars en France, tandis qu’en Algérie, cette fête religieuse ne sera célébrée que le lundi 31 mars. Une situation qui a plongé certains fidèles dans un véritable casse-tête, à commencer par un Algérien résidant en France qui a partagé son désarroi dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
« Je suis rentré en France pour passer l’Aïd el-Fitr avec des proches, en date du 29 mars, mais le problème qui se pose, c’est que j’ai fait tout le Ramadan en Algérie. Je ne sais donc pas si je dois jeûner aujourd’hui vu qu’en Algérie la fin du Ramadan n’est que pour demain, ou si j’ai le droit de fêter l’Aïd. J’ai l’impression d’être un tricheur », a-t-il déclaré, visiblement tiraillé entre son attachement aux traditions algériennes et la réalité du calendrier religieux en France.
Ce dilemme, au sujet de la date de l’Aïd el-Fitr 2025, a suscité un débat animé parmi les Algériens de France. Certains ont estimé qu’il devait respecter le calendrier du pays où il avait jeûné, c’est-à-dire l’Algérie, et donc poursuivre son jeûne un jour de plus. D’autres ont au contraire affirmé qu’il pouvait tout à fait célébrer l’Aïd en France, puisque la communauté musulmane y avait déjà officialisé cette date. Un échange qui illustre une fois de plus la complexité des différences calendaires dans l’Islam, où chaque pays suit ses propres critères d’observation du croissant lunaire.
Ce n’est pas le seul cas d’Algériens confrontés à cette confusion. Une internaute a raconté une mésaventure qui est arrivée à sa cousine, partie en Algérie pour célébrer l’Aïd avec sa famille. « Ma cousine a pris des vacances pour aller en Algérie en pensant que le premier jour de l’Aïd était dimanche et elle a pris son billet retour pour lundi. Au final, elle rate le premier jour de l’Aïd en France, qui est pour ce dimanche 30 mars, et elle rate également le premier jour en Algérie, qui est pour lundi », a-t-elle confié à la rédaction de DNAlgérie. Une situation frustrante qui montre à quel point les différences dans les calendriers religieux peuvent avoir des conséquences inattendues sur l’organisation des expatriés.
Le décalage de la date de l’Aïd entre la France et l’Algérie n’est pas une nouveauté. Depuis plusieurs années, les fidèles musulmans doivent composer avec des divergences dans l’observation du croissant lunaire. En France, de nombreuses instances musulmanes utilisent des calculs astronomiques pour fixer les dates des fêtes religieuses à l’avance, tandis qu’en Algérie, la méthode traditionnelle de l’observation visuelle du croissant reste privilégiée. Cette différence explique pourquoi les deux pays ne célèbrent pas toujours l’Aïd el-Fitr ou l’Aïd el-Kébir le même jour.
Pour les Algériens de la diaspora, ces variations peuvent être sources de confusion, mais aussi de frustration, en particulier lorsqu’il s’agit d’organiser des retrouvailles familiales. Certains choisissent de suivre la date fixée en France, tandis que d’autres préfèrent s’aligner sur l’Algérie, par fidélité à leur pays d’origine. Mais lorsque ces différences impliquent un déplacement entre les deux pays, comme c’est le cas pour cet Algérien qui a passé son Ramadan en Algérie avant de revenir en France, le choix devient bien plus compliqué.
Au-delà des débats théologiques et des divergences d’opinion, cette situation soulève aussi une réalité sociale plus large : celle des liens complexes entre la communauté algérienne de France et son pays d’origine. Ces différences calendaires rappellent que, malgré la distance, l’attachement aux traditions et aux pratiques religieuses du pays reste fort. Pour beaucoup, la célébration de l’Aïd ne se limite pas à une simple date sur un calendrier, mais représente un moment de retrouvailles, de partage et de communion avec leurs proches.
En attendant, les débats autour de cette double date de l’Aïd el-Fitr 2025 continueront d’animer les discussions sur les réseaux sociaux. Chacun essaiera de trouver la meilleure manière de concilier sa foi avec la réalité du pays où il se trouve, et ce, en espérant que l’essentiel demeure : le sens spirituel de cette fête, qui marque la fin d’un mois de jeûne et de dévotion.
Lire également :
Boualem Sansal : la Grande Mosquée de Paris intervient et lance un appel à Tebboune
Algériens, Paris : c’est acté, les amendes vont devenir plus salées
Bagages, Air Algérie : les passagers reçoivent une mise en garde