Le projet de loi de finances 2026, adopté en Conseil des ministres sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, suscite une attention particulière chez les voyageurs. Parmi les mesures phares proposées figure la révision des règles relatives à la déclaration de devises à l’entrée et à la sortie de l’Algérie. Ce texte, inscrit dans une logique d’harmonisation et de transparence financière, vise à uniformiser les seuils de déclaration de devises pour tous les voyageurs, qu’ils soient résidents ou non-résidents. Cette réforme marque une étape importante dans la politique de contrôle douanier et monétaire du pays.
Actuellement, la réglementation en vigueur en Algérie distingue deux situations : l’entrée sur le territoire national et la sortie. À l’entrée, tout voyageur arrivant en Algérie doit effectuer une déclaration de devises si la somme transportée est égale ou supérieure à 1 000 euros ou à son équivalent en monnaie étrangère. Ce seuil s’applique aussi bien aux résidents qu’aux non-résidents. Les montants inférieurs à cette limite peuvent être importés librement, sans formalité particulière, à condition qu’ils soient destinés à un usage personnel.
À la sortie du territoire algérien, les règles sont plus strictes et clairement encadrées par la Banque d’Algérie et la Direction générale des Douanes. Les voyageurs résidents peuvent exporter un montant maximal de 7 500 euros par année civile, ou l’équivalent dans une autre devise, à condition que ces fonds proviennent d’un compte devises domicilié dans une banque algérienne. Ce retrait doit être justifié par un avis de débit bancaire prouvant la légitimité de l’opération. Pour les non-résidents, il est uniquement permis de réexporter les devises non utilisées pendant le séjour, à condition de présenter le formulaire de déclaration initial établi à l’entrée du pays.
Le règlement n° 24-05 du 13 octobre 2024, qui complète le règlement n° 16-02 du 21 avril 2016, précise ces seuils et renforce la traçabilité des opérations en devises. Il impose notamment la déclaration obligatoire pour tout montant dépassant les seuils autorisés et étend cette obligation à divers moyens de paiement : billets de banque, chèques de voyage, effets de commerce, métaux précieux, pierres précieuses ou tout autre instrument au porteur. Ces dispositions visent à garantir un meilleur contrôle des flux monétaires transfrontaliers et à prévenir toute tentative de transfert illicite de capitaux.
Le projet de loi de finances 2026 va encore plus loin. Il prévoit d’uniformiser les seuils de déclaration de devises à 1 000 euros, aussi bien à l’entrée qu’à la sortie du territoire national. Autrement dit, toute personne transportant plus de 1 000 euros, ou l’équivalent dans une autre devise, devra désormais procéder à une déclaration auprès des services douaniers. Cette mesure, selon les éléments contenus dans le projet, s’appliquera à tous les voyageurs sans distinction de statut. Elle a pour but de renforcer la transparence financière, de lutter contre la circulation illicite des devises et de garantir une meilleure traçabilité des mouvements d’argent liés aux voyages.
Pour les voyageurs, cette révision des seuils de déclaration de devises pourrait changer certaines habitudes. Ceux qui transportaient plusieurs milliers d’euros pour subvenir à leurs besoins personnels ou familiaux devront désormais effectuer une déclaration systématique. Cette formalité devra être remplie à l’aéroport, au port ou au poste frontalier avant l’entrée ou la sortie du territoire algérien. En cas d’omission ou de fausse déclaration, les devises non déclarées risquent d’être saisies et leur détenteur pourrait faire l’objet de sanctions administratives ou judiciaires.
Le ministère des Finances précise toutefois que cette réforme n’a pas vocation à restreindre les libertés des voyageurs. L’uniformisation des seuils de déclaration de devises en Algérie vise avant tout à moderniser le cadre légal et à l’aligner sur les standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette évolution s’inscrit également dans une politique de transition vers des paiements plus sécurisés, notamment via les cartes bancaires internationales, afin de limiter les transferts physiques de liquidités.
L’idée d’un seuil unique de 1 000 euros pour la déclaration de devises s’inscrit dans une stratégie plus large de rationalisation des procédures douanières et de simplification administrative. Le gouvernement cherche à instaurer un dispositif plus clair, plus cohérent et plus efficace, en réduisant les écarts entre résidents et non-résidents. Cette mesure pourrait aussi contribuer à restaurer la confiance dans les circuits bancaires officiels et à décourager le transport informel de devises.
En attendant son adoption définitive, la mesure continue de faire débat. Pour certains, elle permettra de mieux contrôler les flux financiers en entrée et en sortie du pays. Pour d’autres, elle risque d’alourdir les démarches des voyageurs fréquents, notamment ceux qui effectuent régulièrement des allers-retours entre la France et l’Algérie. Quoi qu’il en soit, la déclaration de devises en Algérie restera au cœur des préoccupations dans les prochains mois, et les seuils de déclaration actuellement appliqués pourraient bientôt appartenir au passé, ouvrant la voie à une nouvelle ère de rigueur douanière et de transparence financière pour tout voyage en Algérie.