Des Algériens refoulés par l’Égypte après des heures de rétention au Caire

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Des Algériens partis en Égypte dans le cadre d’une initiative de solidarité avec la Palestine ont été retenus plusieurs heures à l’aéroport du Caire, avant d’être expulsés sans motif clairement communiqué. Les vidéos qu’ils ont diffusées dévoilent les conditions de leur détention, marquée par un traitement perçu comme injuste et une pression psychologique importante. Ces Algériens, dont certains venaient de pays européens et maghrébins, affirment avoir été empêchés de rejoindre Gaza dans le cadre de la « Caravane de la Résistance », une mobilisation visant à briser le blocus imposé au territoire palestinien.

Dès leur arrivée sur le sol égyptien, ces Algériens ont été pris en charge par les services de sécurité de l’aéroport international du Caire. Sans explication officielle claire, la plupart d’entre eux ont supposé que cette mesure relevait d’une stratégie des autorités d’Égypte pour bloquer toute initiative de soutien à Gaza depuis l’intérieur ou à travers les frontières du pays. Cette hypothèse a été renforcée par un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères, qui précisait récemment que toute entrée dans les zones frontalières avec Gaza devait être soumise à autorisation préalable.

Dans l’un des témoignages vidéo, un militant explique les conditions de leur rétention, décrivant la tension, l’incompréhension et la peur engendrées par cette situation. Il raconte comment, dans ce pays qu’ils croyaient solidaire de la cause palestinienne, les autorités ont agi de manière à étouffer toute tentative d’agir en faveur de Gaza. Il évoque également l’attitude des forces de sécurité et l’absence totale de communication sur leur sort. Ce récit fait écho à celui de nombreux autres Algériens expulsés d’Égypte dans des circonstances similaires ce jour-là.

Une autre séquence filmée montre un groupe de manifestants, en grande majorité des Algériens, scandant des slogans dénonçant l’attitude des autorités. On les entend crier : « Quelle honte, quelle honte, ils ont vendu Gaza contre des dollars », après avoir été refoulés alors même qu’ils affirmaient avoir respecté toutes les démarches légales pour ce voyage. Ces images, rapidement virales sur les réseaux sociaux, ont suscité l’indignation de nombreux internautes du monde arabe.

Le mercredi, une avocate algérienne a révélé que trois de ses confrères, également engagés dans cette caravane de solidarité, faisaient partie des personnes retenues à l’aéroport du Caire. Au total, ce sont 40 militants, dont ces trois avocats, qui ont été temporairement privés de liberté. Fatiha Rouibi, juriste membre d’un organe d’arbitrage international, a posté un message sur son compte Facebook indiquant que leurs téléphones portables et documents personnels avaient été saisis, sans justification juridique valable de la part des autorités d’Égypte. Ce cas a immédiatement attiré l’attention du public algérien, choqué de voir ses ressortissants traités de la sorte en Égypte, un pays historiquement lié à la cause palestinienne.

Pendant ce temps, la « Caravane de la Résistance » a poursuivi sa route vers le poste frontière de Rafah, point de passage symbolique entre l’Égypte et Gaza. Elle se compose de 20 bus et de 350 véhicules, transportant des centaines de militants majoritairement algériens et tunisiens, avec le soutien d’activistes libyens. Cette caravane, fortement relayée sur les réseaux sociaux, a traversé la Libye et attendait un passage en Égypte pour atteindre Gaza. La mobilisation avait débuté le lundi 9 juin à Tunis, avec l’espoir d’atteindre la bande de Gaza malgré les obstacles.

Certains Algériens engagés dans cette initiative avaient manifesté leur confiance dans l’attitude de l’Égypte, estimant qu’elle finirait par permettre aux militants de passer. Ils voyaient dans ce convoi une démonstration de solidarité panarabe, et espéraient que les citoyens d’Égypte se joindraient à eux. Mais l’attente a laissé place à la déception, lorsque plusieurs membres ont été stoppés net dans leur élan dès leur arrivée.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié un communiqué le mercredi 11 juin au soir, dans lequel il rappelle que toute visite de délégations étrangères dans les zones proches de Gaza est soumise à autorisation. Cette clarification est venue confirmer ce que de nombreux militants redoutaient déjà : l’Égypte ne souhaite pas laisser ces mouvements populaires agir sans un cadre strictement défini.

Face à cette situation, les vidéos publiées par les Algériens ayant été expulsés d’Égypte n’ont pas seulement servi à alerter l’opinion publique, mais aussi à documenter un épisode jugé préoccupant dans le contexte de la solidarité internationale. Elles soulèvent des questions sur la marge de manœuvre des militants en Égypte, sur les limites imposées par les autorités, et sur la tension croissante autour de toute mobilisation en faveur de Gaza.