Des Franco-Algériennes refusent de « fonder une famille en France »

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Certaines jeunes Franco-Algériennes expriment leur malaise face à la situation actuelle en France et leur volonté de ne pas y fonder une famille. Plusieurs d’entre elles, évoluant dans différents secteurs, partagent un sentiment de lassitude grandissant.

« J’ai grandi en France, mais je ne me vois pas y fonder une famille », confie Dounia, une jeune femme qui estime que l’ambiance sociale et politique s’est dégradée ces dernières années, à France 24. Elle souligne un climat pesant qui pousse à la réflexion sur un avenir ailleurs. Neïla, quant à elle, partage un constat similaire : « En tant que Franco-Algérienne, je me sens tout le temps jugée en France. » Elle décrit une impression de ne jamais être pleinement acceptée, malgré ses efforts d’intégration et son attachement au pays dans lequel elle a grandi.

Ce sentiment d’exclusion et de rejet semble s’être intensifié ces dernières années. « On est traités comme des “indésirables” malgré le fait qu’on soit nés et qu’on ait grandi ici », explique Yassine, qui observe cette dynamique dans son entourage. Il résume une frustration partagée par de nombreux jeunes issus de l’immigration.

Pour Mouloud, qui a vécu plusieurs décennies en France, cette situation n’est pas nouvelle : « Ce qui se passe aujourd’hui, on l’a déjà vu par le passé. Les tensions entre la France et l’Algérie existent depuis longtemps. » Il analyse cette récurrence historique comme un cycle qui se répète au fil des années.

Dounia et Neïla, face à ces difficultés, envisagent une alternative : « J’envisage sérieusement de partir ailleurs. » Si la France a longtemps été leur référence, elles commencent à explorer d’autres options, à la recherche d’un environnement plus apaisé et favorable à leur épanouissement personnel et familial.

Outre les Franco-Algériennes, des Algériens de France expriment leur désarroi

Interrogé sur la situation diplomatique par France 24, Mahjoub reste évasif : « Les tensions diplomatiques ? Ce n’est pas mon problème et ça ne me regarde pas. Donner mon avis ? Ça ne m’attire que des ennuis. » Comme lui, de nombreux membres de la diaspora préfèrent éviter le sujet, craignant d’être pris à partie.

Mourad, propriétaire d’une boutique de viande halal en Seine-Saint-Denis, est plus mesuré. « Nous travaillons avec des Français, des musulmans, des chrétiens, des juifs sans problème », explique-t-il. Franco-algérien, il considère que « la France et l’Algérie sont des peuples frères » et que les désaccords politiques n’affectent pas directement la vie quotidienne. Toutefois, il déplore certaines déclarations politiques : « La dernière fois, un politicien a dit ‘Les Algériens sont des voyous’. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! »

Pour Nassim, commerçant originaire d’Annaba installé en France depuis 35 ans, les tensions actuelles ne sont qu’une « petite crise passagère ». Selon lui, « la seule chose désirable est une bonne relation entre les deux pays ». Cependant, il reconnaît que « cette relation en yo-yo, depuis la colonisation, laisse des séquelles et les conséquences sont indéniables au niveau économique, relationnel ou encore culturel ».

À la Grande mosquée de Paris, où les fidèles se réunissent avant la prière de Dohr, Myriam, 81 ans, exprime son ressenti. « Les gens sont abasourdis par la situation et le climat médiatique », confie cette femme d’origine kabyle. Partagée entre son attachement à la France et ses origines, elle admet : « Même si nous nous sentons français, il est impossible de balayer notre appartenance d’un revers de main. »

Pour elle, le problème principal réside dans « un manque de dialogue entre les deux nations ». Elle estime qu’ »en écoutant l’autre, il est plus facile de trouver un compromis ». Cependant, elle comprend aussi la réaction de l’Algérie : « On ne peut pas tout avaler sans réagir et c’est parfaitement normal. »

Quant aux récentes déclarations du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur une riposte « graduée » face au refus de l’Algérie de reprendre certains de ses ressortissants, Myriam juge cette approche contre-productive : « Ce n’est pas en se bagarrant tout de suite d’emblée que l’on obtient ce que l’on veut. »

Pour elle, la véritable fracture entre Paris et Alger s’est accentuée après l’annonce d’Emmanuel Macron, en juillet 2024, de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental. « Emmanuel Macron retourne sa veste en se mettant du côté des Marocains », regrette-t-elle.

Face à ces tensions, Myriam préfère ne pas trop se projeter : « Je ne veux pas penser aux répercussions et à l’avenir. » Un sentiment partagé par une partie de la diaspora algérienne en France, qui oscille entre inquiétude, lassitude et espoir d’une accalmie prochaine.

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