La question de la dette extérieure de l’Algérie suscite régulièrement l’attention des observateurs, des analystes et des institutions internationales. La Banque d’Algérie vient d’apporter des précisions détaillées à travers son rapport annuel 2024, publié sur son site officiel. Ce document met en lumière l’évolution des principaux indicateurs financiers et monétaires du pays, confirmant une tendance globalement positive malgré une conjoncture pétrolière internationale encore instable. L’Algérie affiche en effet une santé économique appréciable, portée par une croissance soutenue, un niveau d’inflation en nette décélération, un matelas de devises jugé confortable et surtout une dette extérieure extrêmement faible, qui ne représente qu’une part marginale de son produit intérieur brut. Dans ce contexte, la Banque centrale insiste sur la solidité des fondamentaux de l’économie nationale et sur la résilience du pays face aux chocs extérieurs.
Selon les données officielles, les réserves de change de l’Algérie atteignaient 68,277 milliards de dollars à la fin de l’année 2024, contre 69,825 milliards de dollars un an plus tôt. La Banque d’Algérie explique ce léger recul par un déficit modéré de la balance des paiements et par l’effet de la dépréciation de certaines monnaies, notamment l’euro face au dollar américain. Malgré cette baisse limitée, le stock de devises reste largement supérieur aux standards internationaux, couvrant plus de 15 mois d’importations, alors que les recommandations mondiales oscillent entre 3 et 10 mois. Ces réserves, qualifiées d’amortisseur essentiel par la Banque d’Algérie, constituent un gage de stabilité et de résilience. Elles ont déjà joué un rôle déterminant lors du choc pétrolier de 2013, période au cours de laquelle la consommation nationale avait été préservée malgré l’érosion progressive du coussin de sécurité en devises.
Le rapport souligne également que la reconstruction de ce matelas a été rendue possible grâce aux excédents successifs enregistrés dans la balance des paiements en 2022 et 2023, respectivement de 18,468 milliards et 6,347 milliards de dollars. Cette dynamique positive s’est légèrement inversée en 2024, l’Algérie affichant un déficit de 498 millions de dollars. Toutefois, la Banque d’Algérie considère que cette variation demeure contenue et qu’elle n’affecte pas la solidité de la position extérieure du pays. C’est dans ce cadre qu’intervient l’un des points majeurs du rapport : le très faible niveau de la dette extérieure. L’Algérie ne présente en effet qu’un endettement représentant 1,08 % de son PIB à fin 2024, un taux parmi les plus bas au monde. Cette situation traduit une dépendance quasi nulle vis-à-vis des financements extérieurs et illustre la capacité du pays à préserver son autonomie budgétaire et financière. En d’autres termes, dette extérieure et Algérie ne riment pas avec vulnérabilité, mais au contraire avec prudence et maîtrise.
La Banque d’Algérie précise que la faiblesse de la dette extérieure permet de limiter les risques liés aux variations des taux d’intérêt internationaux et aux fluctuations des marchés financiers mondiaux. Contrairement à de nombreux pays émergents contraints de recourir massivement à l’endettement externe pour financer leurs déficits, l’Algérie choisit de privilégier l’utilisation de ses ressources internes et la mobilisation de ses recettes d’exportation, principalement issues des hydrocarbures. Cette politique, souvent critiquée pour sa rigueur, se révèle aujourd’hui protectrice dans un environnement international marqué par l’incertitude. Le rapport insiste toutefois sur la nécessité de rester vigilant, car la dépendance de l’Algérie aux revenus pétroliers et gaziers demeure un facteur de fragilité. La volatilité des cours du brut peut en effet affecter la balance des paiements, influencer le niveau des réserves et, indirectement, la capacité du pays à maintenir durablement une dette extérieure marginale.
Parallèlement à la question de la dette extérieure, la Banque d’Algérie met en avant les progrès réalisés dans la maîtrise de l’inflation et dans la valorisation de la monnaie nationale. Pour la seconde année consécutive, le dinar s’est apprécié face au dollar, à l’euro, au yen et au yuan. En moyenne annuelle, les hausses enregistrées en 2024 s’élèvent respectivement à 1,32 %, 1,24 %, 8,56 % et 2,93 %. Cette évolution favorable a contribué à limiter l’impact de l’inflation importée, permettant à l’indice global des prix à la consommation de se replier à 4,40 % en décembre 2024, contre 7,18 % un an plus tôt. Ce mouvement de désinflation témoigne d’une stabilisation progressive de l’économie nationale, dans un contexte où la croissance hors hydrocarbures s’est accélérée pour atteindre 4,8 %, après 4,2 % en 2023.
La Banque d’Algérie rappelle que la liquidité bancaire demeure abondante et que le système financier répond largement aux exigences de solvabilité fixées par la réglementation. Le secteur bancaire, décrit comme performant, joue un rôle central dans la canalisation de l’épargne et le financement de l’économie réelle. Ces résultats, combinés à une dette extérieure extrêmement faible, permettent de présenter l’Algérie comme un pays disposant d’une marge de manœuvre appréciable dans la conduite de sa politique économique. Le rapport évoque aussi l’importance de diversifier davantage l’économie afin de réduire la dépendance aux hydrocarbures et de consolider les équilibres financiers sur le long terme.