Dans sa dernière tribune publiée dans Le Figaro, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, a détaillé plusieurs propositions visant à renforcer l’exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) pour les ressortissants algériens. Ces préconisations s’inscrivent dans une logique de « riposte graduée », selon laquelle la France chercherait à faire pression sur l’Algérie en utilisant des leviers économiques et diplomatiques. Parmi les propositions les plus remarquées, la plus controversée concerne le contrôle des transactions financières des Algériens en France, notamment à travers les circuits informels du marché noir des devises. Mais ce n’est pas tout. Driencourt avance également d’autres mesures qui, bien que ambitieuses, semblent irréalistes dans le contexte actuel des relations franco-algériennes.
Une des premières suggestions de Driencourt dans sa tribune porte sur la suppression de l’accord bilatéral signé en 1968 entre la France et l’Algérie, qui offre des facilités de circulation et d’obtention de titres de séjour pour les ressortissants algériens. Cet accord, qui octroie à la population algérienne des avantages considérables, tels que la possibilité de convertir plus facilement un visa étudiant en visa commerçant, ou encore des conditions allégées pour le regroupement familial, est vu par Driencourt comme un obstacle à l’exécution des OQTF. Selon lui, mettre fin à cet accord enverrait un message fort aux autorités algériennes, en signalant que la France n’hésiterait pas à revoir ses engagements bilatéraux en cas de non-coopération.
En outre, Driencourt évoque la possibilité de revoir la Convention de Schengen et de limiter la libre circulation des ressortissants de pays comme l’Algérie, au profit des seuls citoyens européens. Cette idée de réformer Schengen pour y inclure des restrictions supplémentaires pour certains pays ne manquerait pas de susciter des tensions, car elle toucherait non seulement l’Algérie mais aussi d’autres pays non européens. Cette mesure s’inscrirait dans une volonté de durcir la politique migratoire de la France, en réduisant les avantages d’une libre circulation qu’il considère trop généreuse pour les Algériens.
Dans le domaine social, Driencourt propose également de revoir la Convention générale de sécurité sociale de 1980, qui permet aux Algériens de bénéficier d’avantages sociaux en France, y compris en matière de soins médicaux, alors que peu de Français se rendent en Algérie pour des raisons de santé. Pour lui, cette convention constitue une forme d’inégalité entre les deux pays, et sa remise en cause serait un signal fort d’une volonté de rééquilibrer les relations franco-algériennes.
Marché noir des devises : la proposition lunaire de Driencourt
Cependant, parmi toutes ces propositions, celle qui a le plus retenu l’attention est sans doute la suggestion de renforcer le contrôle des transferts d’argent effectués par les Algériens vivant en France. Le marché noir des devises, qui permet aux Algériens d’échapper aux restrictions sur le dinar, est un domaine que Driencourt estime crucial pour exercer une pression sur le gouvernement algérien. Selon lui, le contrôle de ces flux financiers pourrait rendre plus difficile le financement de certains réseaux échappant à toute régulation. Il évoque même des pratiques de transferts informels passant par des cafés à Paris et Marseille, où des sommes importantes seraient échangées sans passer par les circuits bancaires officiels.
Toutefois, il est important de souligner que, bien que ces propositions soient théoriquement ambitieuses, elles sont loin de se concrétiser dans la réalité des relations internationales. L’Algérie, un pays souverain, n’acceptera certainement pas une telle ingérence dans ses affaires internes, notamment en ce qui concerne la régulation de son marché financier ou l’impact d’une révision des accords bilatéraux. En réalité, ces suggestions de Driencourt semblent davantage relever du discours que de la mise en œuvre effective. L’Algérie, avec ses priorités économiques et diplomatiques, a toujours su maintenir son indépendance et ses relations avec la France sans céder à des pressions extérieures.
Lire également :
De combien d’argent avez-vous besoin pour vivre correctement en Algérie ?
Visa France en Algérie : VFS Global fait une annonce importante
Retraite : la CNR répond à une interrogation des Algériens