Le marché parallèle des devises en Algérie connaît des fluctuations qui attirent l’attention des citoyens, des opérateurs économiques et des analystes financiers. La récente baisse de l’euro face au dinar, enregistrée ce mercredi 29 janvier, reflète une dynamique complexe influencée par plusieurs facteurs. Après s’être échangé à 253 dinars à l’achat et 256 dinars à la vente la veille, l’euro est désormais coté à 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente. Cette chute brutale intervient dans un contexte marqué par des incertitudes économiques et des tensions sur l’accès aux devises étrangères.
Le marché parallèle est devenu une véritable boussole pour les Algériens cherchant à obtenir des devises dans un environnement où l’offre officielle reste limitée. Malgré une hausse de l’allocation touristique portée à 750 euros par an, les citoyens continuent de se tourner massivement vers le marché noir pour répondre à leurs besoins financiers liés aux voyages, aux achats à l’étranger et même à l’épargne. Cette demande soutenue maintient une pression constante sur les taux de change informels, creusant davantage l’écart avec les cotations officielles.
La dépréciation de l’euro face au dinar s’explique par plusieurs éléments. D’une part, la baisse relative de la demande pour la monnaie européenne sur le marché parallèle, notamment en raison d’une diminution des flux de voyageurs vers l’Europe, a pu influencer ce repli. D’autre part, des opérations financières menées par de grands acteurs du marché noir, visant à réajuster temporairement les cours, peuvent également jouer un rôle. La livre sterling et le dollar américain suivent une tendance similaire, bien que leurs fluctuations soient moins marquées. La livre sterling, qui reste moins sollicitée, s’échange actuellement à 294 dinars à l’achat et 297 dinars à la vente. Le dollar américain, quant à lui, se situe à 235 dinars à l’achat et 238 dinars à la vente, tandis que le dollar canadien oscille entre 158 et 162 dinars, illustrant la variabilité du marché.
La persistance du marché noir des devises met en exergue des faiblesses structurelles dans le système financier algérien. Les restrictions imposées par les banques, associées à une offre limitée en devises, renforcent l’attractivité du circuit informel. Les opérateurs économiques, notamment les importateurs, se retrouvent dans une situation délicate où l’accès aux devises officielles est insuffisant pour couvrir leurs besoins. Face à ces obstacles, beaucoup d’entre eux sont contraints de recourir au marché parallèle pour financer leurs transactions, perpétuant ainsi un cercle vicieux difficile à briser.
La volatilité du dinar sur le marché parallèle a également des répercussions sur le pouvoir d’achat des ménages. De nombreux produits de consommation, notamment ceux issus de l’importation, voient leurs prix évoluer en fonction des fluctuations des devises. Une hausse du dinar face à l’euro peut temporairement alléger la pression sur certains prix, mais l’instabilité du marché ne permet pas d’en tirer des conclusions durables. Les citoyens restent ainsi exposés à une inflation persistante qui fragilise leur quotidien.
Les autorités algériennes ont tenté de mettre en place des réformes pour réduire l’impact du marché noir des devises, mais les résultats restent mitigés. La récente majoration des plafonds de devises autorisées à l’importation et à l’exportation, fixée à 7 500 euros par an, constitue une avancée, mais elle demeure insuffisante pour détourner les flux financiers du circuit parallèle. De même, les tentatives de modernisation du secteur bancaire, notamment à travers la digitalisation des transactions et l’amélioration de l’accessibilité aux devises pour les citoyens, doivent encore être approfondies pour produire un impact significatif.
Pour envisager une sortie progressive de cette économie parallèle, une approche globale s’impose. Une meilleure régulation du marché des changes, combinée à des incitations pour renforcer la confiance des citoyens et des opérateurs économiques dans le système bancaire officiel, pourrait contribuer à réduire l’ampleur du phénomène. L’ouverture de bureaux de change agréés, une mesure souvent évoquée mais jamais réellement appliquée à grande échelle, pourrait également jouer un rôle clé dans la structuration du marché des devises.
La baisse actuelle de l’euro face au dinar algérien, bien que significative, s’inscrit dans une dynamique plus large où les fluctuations restent imprévisibles. Le marché noir des devises continue d’être le reflet des défis économiques du pays, mettant en évidence les limites du système financier en place. Tant que l’offre officielle de devises restera inférieure à la demande, ce marché parallèle restera une alternative incontournable pour de nombreux Algériens, avec toutes les conséquences que cela implique sur l’économie nationale.
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