Le marché informel des devises en Algérie continue de déjouer toutes les prévisions, et l’euro vient une nouvelle fois d’y établir un sommet inédit face au dinar algérien. Au square Port-Saïd d’Alger, qui reste l’épicentre des transactions de change parallèles, les cambistes affichent des niveaux jamais vus jusque-là, confirmant la tendance haussière entamée au début du mois.
Ce mercredi 17 septembre, le billet de 100 euros s’est négocié à 26.500 dinars algériens, soit un cours unitaire équivalent à 265 dinars. En d’autres termes, l’euro retrouve le plafond historique qu’il avait atteint pour la première fois en juillet dernier. L’évolution interpelle d’autant plus que beaucoup s’attendaient à un reflux naturel des prix, notamment après l’injection sur le marché officiel de l’allocation touristique de 750 euros. Cette hypothèse ne s’est pas vérifiée : l’euro, au contraire, poursuit son envol.
La monnaie américaine suit également une courbe ascendante sur le même marché parallèle. Le billet vert, très demandé pour les échanges commerciaux, s’est échangé à 23.100 dinars pour 100 dollars, soit 231 dinars pour une unité, contre environ 230,50 dinars en début de semaine. Bien que la progression paraisse plus modérée que celle de l’euro, elle reflète le même déséquilibre croissant entre l’offre limitée et la demande soutenue.
La demande saisonnière constitue un autre facteur majeur. Chaque rentrée de septembre, les besoins en devises augmentent sensiblement, portés par les voyages d’étudiants, le commerce international et les dépenses des familles. Cette conjoncture alimente la spéculation, qui s’ajoute à la dynamique naturelle du marché parallèle pour amplifier les variations des taux.
Si l’écart est aussi visible sur le marché noir, c’est aussi parce que les cotations officielles publiées par la Banque d’Algérie laissent apparaître une tendance similaire, bien que d’ampleur plus réduite. D’après le tableau diffusé par la Banque centrale ce mercredi 17 septembre, l’euro est passé à 152,51 dinars contre 151,99 dinars lors des cotations d’ouverture du dimanche précédent. Une hausse certes limitée, mais suffisante pour conforter les anticipations des opérateurs qui parient sur la poursuite de la progression au square.
À l’inverse, le dollar a légèrement reculé dans les échanges officiels. Coté à 129,11 dinars, il perd quelques fractions par rapport aux 129,45 dinars enregistrés en début de semaine. Ce mouvement montre que, contrairement à l’euro, la monnaie américaine n’exerce pas la même pression structurelle sur le dinar algérien, même si son poids reste considérable dans les transactions internationales.
Le contraste entre les cours officiels et ceux pratiqués sur le marché parallèle illustre une réalité ancienne : la valeur réelle du dinar algérien est fortement conditionnée par la disponibilité des devises sur le terrain et non seulement par les chiffres publiés dans les cotations bancaires. Dans la pratique, de nombreux ménages et commerçants se réfèrent exclusivement aux tarifs du square Port-Saïd, ce qui renforce encore l’impact de ses fluctuations sur la vie quotidienne.
Cette nouvelle envolée de l’euro face au dinar algérien s’inscrit donc dans un cycle où la demande ne faiblit pas et où les mesures de régulation officielles peinent à inverser la tendance. Tant que persistera ce décalage entre l’offre limitée en devises officielles et les besoins croissants des usagers, le marché parallèle continuera de jouer son rôle central dans la fixation des prix, confirmant une fois de plus qu’il est devenu une référence incontournable pour suivre la valeur de la monnaie nationale.