Devises, marché noir : l’euro chute face au dinar algérien

100 euros en dinar algérien marché noir euro marché noir

Le marché des devises en Algérie traverse une période de turbulences marquée par une baisse significative de l’euro face au dinar algérien. Ce jeudi 20 mars 2025, correspondant au 20e jour du Ramadan, le Square Port-Saïd à Alger, épicentre du marché informel des changes, a été le théâtre d’une dévaluation notable de la monnaie européenne. L’euro, autrefois dominant sur ce marché parallèle, s’échange désormais à 250 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente, confirmant ainsi une dynamique baissière qui intrigue autant qu’elle interroge.

Cette tendance ne se limite pas à l’euro, puisque le dollar américain et la livre sterling ont eux aussi enregistré un recul. Le billet vert, souvent perçu comme une valeur refuge, subit une pression similaire, se négociant à 235 dinars à l’achat et 238 dinars à la vente. Bien que son recul soit moins marqué que celui de l’euro, il n’en demeure pas moins symptomatique d’un changement dans les équilibres monétaires en Algérie. Quant à la livre sterling, malgré sa position historiquement élevée, elle affiche un repli à 294 dinars à l’achat et 297 dinars à la vente, confirmant la tendance générale de baisse des devises étrangères face au dinar algérien.

Sur le marché officiel, réservé aux transactions interbancaires et inaccessible aux citoyens ordinaires, la dévaluation des principales monnaies étrangères se vérifie également. L’euro s’échange désormais à 145,79 dinars, le dollar américain à 133,60 dinars et la livre sterling à 173,31 dinars. Ces chiffres traduisent une certaine résilience du dinar algérien dans un contexte où les fluctuations des devises sont souvent dictées par les dynamiques de l’offre et de la demande.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance. D’une part, l’approche de la fin du Ramadan modifie considérablement les besoins en devises des voyageurs. D’autre part, l’éventuelle annonce de la mise en place de la nouvelle allocation touristique en Algérie aurait un impact direct sur le marché noir des devises en Algérie, et donc sur le taux de change de l’euro face au dinar algérien.

Change euro dinar algérien : qu’en est il de l’allocation touristique ?

Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a récemment levé le voile sur la date tant attendue de l’entrée en vigueur de la nouvelle allocation touristique fixée à 750 euros. Lors d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale le 20 février 2025, il a précisé que cette mesure sera appliquée officiellement après l’Aïd El-Fitr. Une annonce qui suscite un vif intérêt parmi les voyageurs algériens, longtemps confrontés à des difficultés pour se procurer des devises avant leurs déplacements à l’étranger.

La mise en place de cette allocation a fait l’objet de discussions approfondies au sein du gouvernement. Le 10 février, une réunion de haut niveau présidée par Abdelmadjid Tebboune a permis de finaliser les derniers ajustements en concertation avec les responsables du ministère des Finances, de la Banque d’Algérie et de la direction générale des douanes. L’objectif est d’assurer une mise en œuvre fluide et d’éviter les déséquilibres pouvant perturber le marché des devises.

Selon les déclarations du ministre, l’entrée en vigueur de cette allocation pourrait intervenir avant la fin du Ramadan ou juste après l’Aïd, soit entre fin mars et début avril 2025. Cette annonce est perçue comme un soulagement pour de nombreux citoyens qui espéraient une réforme du système de change, jugé trop rigide et inadapté aux réalités du marché. Toutefois, le gouvernement insiste sur un encadrement strict afin d’éviter toute forme d’abus. Seuls les voyageurs remplissant des conditions précises pourront bénéficier de cette allocation.

Contrairement au système précédent où une simple quittance de sortie suffisait, le nouveau dispositif impose des critères plus stricts. Le député Zoheir Nasri a précisé via les réseaux sociaux que les demandeurs devront se rendre à la succursale de la Banque d’Algérie de leur wilaya, munis de leur passeport, d’un billet d’avion ou de bateau, d’une assurance voyage et de l’équivalent en dinars du montant demandé. Un récépissé leur sera alors remis et devra être présenté à l’aéroport ou au port avant le départ.

Pour éviter toute congestion et garantir une distribution efficace, la Banque d’Algérie a déjà installé des bureaux de change dans les principales infrastructures de transport du pays, notamment à l’aéroport et au port d’Alger. Ces points de change permettront d’octroyer directement les 750 euros aux voyageurs concernés. D’autres points devraient progressivement voir le jour dans d’autres wilayas, afin de fluidifier le processus et d’éviter les longues files d’attente.

Si cette réforme est accueillie favorablement par une grande partie des voyageurs, des doutes subsistent quant à sa mise en œuvre. Certains craignent des délais supplémentaires ou des difficultés d’accès aux bureaux de change en raison d’une forte demande lors des premières semaines. De plus, la question des voyageurs empruntant des itinéraires terrestres n’a pas encore été totalement clarifiée. Les textes d’application attendus prochainement devraient apporter des précisions sur les modalités exactes et les éventuelles restrictions, permettant ainsi de dissiper les incertitudes qui entourent encore ce nouveau dispositif.

Lire également :

«La France est attachée à sa relation avec l’Algérie» : le MAE français Jean-Noël Barrot catégorique

Voyage : une nouvelle arnaque fait fureur à l’aéroport international d’Alger

Aéroport de Paris Roissy : une responsable met en garde les Algériens