Dans un contexte économique mondial marqué par l’instabilité et les déséquilibres budgétaires, la Banque d’Algérie vient de créer la surprise en annonçant un excédent de liquidités supérieur aux normes réglementaires, une situation que bien peu de pays peuvent revendiquer actuellement. Lors des assemblées annuelles de la Banque islamique de développement, tenues mardi à Alger, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Salaheddine Taleb, a exposé une série de données et d’indicateurs qui témoignent d’une résilience remarquable de l’économie nationale, tout en mettant en avant les avancées notables de la transformation numérique et de l’inclusion financière. Le dinar algérien, souvent scruté de près pour sa stabilité, bénéficie désormais d’un contexte macroéconomique plus favorable qu’anticipé, et la Banque d’Algérie entend bien capitaliser sur cette dynamique pour consolider sa stratégie de réforme.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie a ainsi détaillé les efforts en cours pour renforcer le cadre réglementaire de la finance islamique, une orientation stratégique qui, selon lui, contribuera également à la stabilité du dinar algérien. En collaboration avec la Banque islamique de développement, la Banque d’Algérie s’attèle à l’élaboration de nouveaux instruments de politique monétaire et à la structuration du marché interbancaire, tout en veillant à l’harmonisation des normes comptables et de gouvernance. Ces réformes, ancrées dans les meilleures pratiques internationales, sont perçues comme des leviers essentiels pour soutenir le dinar algérien à long terme.
Plus qu’un simple discours, c’est un signal fort envoyé par la Banque d’Algérie à ses partenaires économiques, illustrant une gestion rigoureuse qui contraste avec la situation précaire de nombreuses économies régionales et internationales. Le gouverneur a révélé que la croissance économique a progressé, passant de 4,1 % en 2023 à 4,3 % sur les neuf premiers mois de 2024, tandis que l’inflation reste maîtrisée. Ces performances ont permis à la Banque d’Algérie de mettre en œuvre une politique budgétaire et monétaire favorable à l’expansion économique, renforçant ainsi la position du dinar algérien sur le marché intérieur et dans les échanges.
Mais le point le plus marquant de cette intervention reste sans doute l’annonce d’un excédent de liquidités dépassant les seuils réglementaires. À l’heure où de nombreux États peinent à financer leurs dettes ou à maintenir leur stabilité monétaire, cette déclaration a fait l’effet d’un électrochoc. Pour la Banque d’Algérie, cette situation exceptionnelle reflète la solidité du secteur bancaire national, composé de 29 institutions financières dynamiques, et traduit une gestion saine des flux financiers. Cela démontre aussi la capacité de la Banque d’Algérie à préserver l’équilibre monétaire sans recourir à des mécanismes inflationnistes, consolidant ainsi la confiance dans le dinar algérien.
Dans un autre registre, le développement de la finance islamique continue de s’accélérer. Depuis son lancement en 2020, cette industrie a connu une croissance soutenue. En 2024, on recense désormais 12 banques offrant des produits islamiques à travers près de 100 agences, avec un réseau national dépassant les 900 guichets. Le nombre de comptes ouverts dans ce segment a franchi la barre des 600 000, représentant un encours global de 800 milliards de dinars algériens. Quant aux financements accordés, ils ont atteint 530 milliards DA, accompagnés d’une hausse annuelle de 20 % des dépôts et de 15 % des crédits.
L’essor de la finance islamique, couplé à l’introduction progressive de technologies financières innovantes, positionne la Banque d’Algérie en fer de lance de la modernisation du système bancaire. Le gouverneur a souligné que la transformation numérique n’est pas un luxe, mais une nécessité pour renforcer l’inclusion financière, notamment auprès des jeunes et des populations éloignées des circuits bancaires classiques. Il a insisté sur l’importance d’intégrer les standards de la finance durable dans les politiques de crédit et d’investissement, une orientation déjà en cours à travers une stratégie nationale coordonnée par le Comité national des paiements.
À travers cette série d’annonces, la Banque d’Algérie ne se contente pas de communiquer sur ses avancées : elle affirme clairement son ambition d’imposer un nouveau modèle économique où le dinar algérien joue un rôle central. L’équation entre stabilité monétaire, innovation financière et inclusion sociale semble en bonne voie d’être résolue, dans un pays qui, à contre-courant de nombreuses tendances mondiales, peut aujourd’hui se targuer d’avoir plus de liquidités que nécessaire. Cette réalité, peu commune, replace le dinar algérien au cœur des stratégies nationales et internationales, tout en confortant le rôle de la Banque d’Algérie comme pilier de la régulation et de la croissance.