Dinar algérien : le gouvernement pas enclin à revenir en arrière

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Le dinar algérien, monnaie nationale de l’Algérie, est au cœur d’une nouvelle décision gouvernementale qui fait débat. Dans le cadre de la Loi de finances 2025, l’article 207 impose une restriction majeure concernant les paiements en espèces, interdisant le règlement de certaines transactions par billets de dinar algérien. Cette décision s’applique aux transactions immobilières, qu’elles concernent des biens bâtis ou non, ainsi qu’à l’achat de véhicules, d’équipements industriels, de yachts et de bateaux de plaisance, et même aux polices d’assurance obligatoires. Dès lors, les citoyens doivent se conformer à l’obligation d’effectuer ces paiements via des moyens scripturaux tels que le chèque, le virement bancaire ou la carte bancaire.

Cette mesure a fait l’objet de vives discussions, notamment de la part des représentants politiques. Le député Ahmed Rabhi, représentant de la wilaya de Djelfa, a exprimé son inquiétude face à l’impact potentiel de cette restriction dans certaines régions du pays. Dans une question écrite adressée au ministre des Finances, il a proposé d’établir un seuil minimum de 15 millions de dollars pour les transactions immobilières, à partir duquel le paiement en espèces serait interdit. Selon lui, cette mesure risquerait de pénaliser les régions de l’intérieur de l’Algérie, déjà confrontées à une situation économique précaire, où les paiements en espèces sont souvent privilégiés en raison de la faible bancarisation et des habitudes de consommation locales.

Les motivations du gouvernement derrière cette décision semblent claires : lutter contre l’économie informelle et encourager la transparence des transactions. Le recours au dinar algérien en espèces, selon les autorités, facilite la circulation de fonds non déclarés et contribue au phénomène de blanchiment d’argent, une problématique récurrente dans plusieurs secteurs économiques du pays. En imposant une limitation du paiement en billets de dinar algérien, le gouvernement entend donc renforcer le contrôle fiscal et encourager l’utilisation de moyens de paiement traçables.

Les autorités algériennes ont ainsi opté pour une mesure visant à moderniser et sécuriser les échanges commerciaux. En effet, le pays a depuis plusieurs années amorcé un virage vers la numérisation des paiements, à travers des initiatives visant à renforcer l’utilisation des cartes bancaires et autres moyens de paiement électroniques. Cependant, cette transition se heurte à des résistances, en particulier dans les zones rurales ou dans les milieux où les habitudes de paiement en espèces sont profondément ancrées.

Certains experts économiques soulignent que cette nouvelle législation pourrait avoir des effets secondaires inattendus. D’un côté, elle pourrait certes limiter les pratiques illégales en réduisant les flux financiers non déclarés. D’un autre côté, elle risque de fragiliser certaines catégories de la population qui, faute d’accès à des services bancaires de proximité, se retrouveraient exclues des transactions courantes. Dans les régions les plus reculées, où les infrastructures financières sont limitées, la restriction du paiement en espèces pourrait aggraver l’exclusion financière, en particulier pour les populations vulnérables.

En réponse à ces préoccupations, le gouvernement n’a pas semblé disposé à revenir sur sa décision. Bien que des voix, comme celle du député Rabhi, appellent à une révision de la mesure, notamment en excluant les petites transactions ou en fixant un seuil au-delà duquel la restriction serait appliquée, l’exécutif reste ferme. L’article 207 de la Loi de finances 2025, tel qu’il a été publié, est bel et bien entré en vigueur, et le gouvernement semble déterminé à mener cette réforme à son terme.

Pour les citoyens algériens, cette décision marque donc un tournant dans la manière dont les transactions seront réalisées à l’avenir. Le dinar algérien, autrefois couramment utilisé pour des paiements en espèces, devra désormais céder la place aux moyens de paiement électroniques. Toutefois, il faudra voir dans quelle mesure cette transition pourra s’opérer sans perturber le quotidien des Algériens, particulièrement ceux qui vivent dans des régions moins bancarisées. En attendant, la mesure est maintenue et le gouvernement ne montre pas de signe de recul, persistant dans sa volonté de réformer le système économique national.

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