Un nouveau tournant dans la politique commerciale mondiale pourrait bien profiter à l’Algérie. Selon un rapport de l’agence de conseil stratégique WIP Consulting, basée à Milan, la décision de Donald Trump d’augmenter les droits de douane sur les produits d’Algérie, passés de 19 à 30 %, avant d’en suspendre l’application pour une période de 90 jours, constitue un levier inattendu pour redéfinir les équilibres économiques entre l’Algérie et l’Italie. Cette suspension temporaire, bien qu’imposée dans un contexte global tendu, offre un répit propice pour accélérer le rapprochement entre Alger et Rome, notamment en matière d’investissements, de transferts technologiques et de coopération sectorielle.
Le document publié par WIP Consulting insiste sur la dynamique bilatérale entre l’Italie et l’Algérie. Fortes d’un partenariat historique datant de 1962, les deux nations ont su développer des relations économiques solides, en particulier dans le domaine énergétique. L’Algérie est devenue, depuis 2022, le principal fournisseur de gaz naturel de l’Italie, une ressource qui représente à elle seule 35 % de la consommation énergétique italienne. Ce leadership s’est traduit par des échanges énergétiques évalués à 11,2 milliards d’euros en 2024, et implique plusieurs entreprises italiennes de premier plan, dont le géant ENI, mais aussi d’autres fournisseurs de matériel et de technologies de pointe destinés au secteur de l’énergie.
La cadeau de Donald Trump à l’Algérie
Face à l’instabilité du commerce international, exacerbée par les décisions unilatérales de l’administration de Donald Trump, l’Italie n’est pas restée passive. Le rapport révèle que le gouvernement italien a mis en place une stratégie visant à atténuer les effets négatifs des politiques protectionnistes américaines. Dans ce cadre, une priorité a été accordée au renforcement des relations économiques avec des pays tiers, dont l’Algérie, qui serait impactée par les décisions de Donald Trump, et qui est considérée comme un pilier majeur en Afrique.
De son côté, l’Algérie s’inscrit dans une dynamique ambitieuse de diversification économique, sous l’impulsion du président Abdelmadjid Tebboune, qui a réaffirmé ses objectifs dès le début de son second mandat. Ce tournant stratégique vise à réduire la dépendance aux hydrocarbures et à promouvoir l’industrialisation, la modernisation de l’agriculture et le développement des infrastructures. L’Italie, riche d’un savoir-faire industriel reconnu, y voit une occasion d’étendre ses exportations, notamment dans les domaines de la machinerie agricole, de l’agro-industrie et de la transformation.
La loi de finances 2025, mentionnée dans le rapport, s’inscrit directement dans cette vision. Elle prévoit une réduction significative de la TVA sur de nombreux produits alimentaires, qu’ils soient d’origine locale ou importée, à l’instar des céréales, des légumineuses et des viandes blanches. Des réductions similaires s’appliquent également à plusieurs intrants nécessaires à la production industrielle. Ces mesures fiscales visent à stimuler la production locale tout en rendant les importations ciblées plus attractives, notamment celles provenant d’Italie, dans une logique de coopération équilibrée.
Les exportateurs italiens pourraient donc bénéficier de cette nouvelle orientation économique algérienne. L’Italie est déjà un fournisseur clé de l’Algérie en matière d’équipements agricoles et d’outils industriels, des produits particulièrement recherchés par le gouvernement algérien pour réduire la dépendance alimentaire du pays. La convergence des objectifs algériens et de l’expertise italienne ouvre un vaste champ de possibilités.
Un exemple concret de cette collaboration est le projet agricole lancé dans la wilaya de Timimoun, impliquant la société italienne Bonifiche Ferraresi (BF Group) en partenariat avec le ministère algérien de l’Agriculture. Il s’agit d’un projet phare visant à améliorer l’irrigation et à accroître la production locale de blé et de légumineuses. Ce projet est présenté comme l’un des plus importants investissements italiens dans l’agro-industrie en Méditerranée et pourrait servir de modèle pour d’autres entreprises italiennes désireuses d’investir dans le développement rural algérien.
Au-delà du secteur agricole, l’industrie automobile constitue un autre axe de coopération. L’implantation de Fiat en Algérie, avec la production locale de plusieurs modèles, témoigne de la volonté italienne d’ancrer durablement ses activités dans le pays. À cela s’ajoutent les projets gouvernementaux pour moderniser le réseau ferroviaire national, faciliter la mobilité interurbaine et désenclaver les zones reculées. Ces investissements représentent autant d’opportunités pour les entreprises italiennes spécialisées dans les infrastructures et les transports.
Dans un contexte géopolitique où les tensions persistent avec la France pour des raisons historiques et avec l’Espagne à cause de sa position sur le Sahara occidental, l’Italie émerge comme un partenaire alternatif solide pour l’Algérie. La complémentarité des besoins et des ressources, les perspectives d’échanges mutuellement bénéfiques et la conjoncture internationale actuelle font de cette relation bilatérale une opportunité stratégique majeure, que les deux pays semblent désormais prêts à exploiter pleinement.
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