Lors d’une récente réunion à Ljubljana, la capitale slovène, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a souligné les conséquences alarmantes des pratiques destructrices du Maroc sur l’eau de surface transfrontalières dans l’ouest de l’Algérie. Cette déclaration a été faite dans le cadre de la 10e Réunion des Parties à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eaux transfrontalières et des lacs internationaux, un événement qui met en lumière l’importance cruciale de la coopération entre les nations pour la gestion de l’eau.
M. Derbal a expliqué que les régions ouest et sud-ouest de l’Algérie sont gravement affectées par des actions jugées néfastes de l’État voisin. Ces pratiques, selon lui, obstruent et détériorent les ressources hydriques transfrontalières, mettant ainsi en danger la qualité des eaux dans des barrages stratégiques tels que celui de Hammam Boughrara, situé dans la wilaya de Tlemcen. En effet, la contamination des eaux provenant du Maroc a conduit à une dégradation significative de la qualité de l’eau, ce qui menace non seulement l’environnement, mais aussi la santé des habitants de la région.
Le ministre a également évoqué la situation préoccupante de l’oued Ghir, dont les débits ont été réduits en raison de barrages construits du côté marocain. Ce phénomène a provoqué un assèchement prolongé du barrage de Djorf-Torba, entraînant des conséquences catastrophiques sur l’écosystème local. Les répercussions ne s’arrêtent pas là. En raison de ces pratiques destructrices, la région de la Saoura, au sud-ouest de l’Algérie, subit un effondrement des écosystèmes et une diminution alarmante de la biodiversité, affectant la faune et la flore locales.
La situation devient d’autant plus préoccupante avec la disparition de 43 espèces rares d’oiseaux et d’animaux, ainsi que des perturbations dans les routes migratoires des oiseaux. Ces bouleversements sont exacerbés par l’aggravation de la sécheresse et la dégradation du couvert végétal sur le territoire algérien. Les conséquences économiques et sociales de cette crise écologique sont dramatiques pour les habitants des zones frontalières, qui dépendent de ces ressources pour leur subsistance.
Eau, Maroc : l’Algérie apporte des solutions alternatives
Dans ce contexte difficile, l’Algérie s’efforce d’apporter des solutions alternatives pour approvisionner en eau potable les populations touchées. Malgré les efforts financiers considérables déployés, le ministre Derbal a insisté sur la nécessité d’un soutien international pour rétablir les écosystèmes affectés. Il a également souligné l’engagement de l’Algérie à élaborer des politiques respectueuses des besoins hydriques des pays voisins, en évitant les pratiques d’exploitation nuisibles telles que la construction de barrages près des frontières ou la déviation des cours d’eau.
Pour encourager une meilleure gestion des ressources hydriques, l’Algérie a initié un accord tripartite avec la Tunisie et la Libye, axé sur la création d’un mécanisme de concertation pour la gestion des eaux souterraines communes dans le Sahara. Cet accord, signé récemment à Alger, est présenté par le ministre comme un modèle à suivre pour d’autres pays dans le domaine de la coopération en matière d’eau.
À travers ces initiatives, l’Algérie vise à relever les défis liés aux eaux transfrontalières, notamment en renforçant le dialogue entre les pays et en favorisant des échanges d’expériences et de bonnes pratiques. La souveraineté de chaque État sur ses ressources en eau est essentielle, mais elle ne doit pas nuire à la coopération nécessaire pour un développement durable.
La 10e Réunion des Parties à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eaux transfrontalières, qui se déroule jusqu’au 25 octobre, est une occasion précieuse pour les États membres de discuter de l’avenir de l’eau dans un monde confronté aux défis des changements climatiques. Bien que l’Algérie ne soit pas partie à cette convention, sa présence souligne l’importance de son rôle en tant qu’acteur clé dans la gestion des eaux transfrontalières et la préservation des écosystèmes fragiles. La coopération et le dialogue sont des outils indispensables pour garantir un avenir durable à nos ressources en eau, car, comme l’affirme le ministre Derbal, « nos eaux sont notre avenir. »
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