Edahabia : appatés, des Algériens ont perdu plusieurs milliards

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L’affaire qui secoue les réseaux sociaux et alimente les discussions dans les rues de Sétif vient de connaître un tournant décisif. La police locale a en effet démantelé ce qui est considéré comme l’une des plus grandes arnaques liées au commerce électronique en Algérie, en mettant la main sur un réseau bien organisé composé de vingt-cinq individus. Leur méthode, bien rodée, reposait sur un stratagème aussi simple qu’efficace : attirer les victimes grâce à des offres alléchantes, leur soutirer des informations confidentielles, et siphonner leur argent à l’aide de la carte Edahabia, produit emblématique d’Algérie Poste.

Les malfaiteurs ciblaient en priorité des utilisateurs crédules séduits par des annonces irrésistibles publiées en ligne. Produits électroniques à prix cassés, véhicules à des montants défiant toute concurrence ou encore des services à forte valeur ajoutée proposés à des tarifs symboliques : tout était minutieusement pensé pour appâter. Une fois la victime en confiance, elle communiquait des informations sensibles sans toujours en avoir conscience. Les escrocs utilisaient ensuite la carte Edahabia pour finaliser le vol, effectuant des retraits ou des virements frauduleux vers des comptes qu’ils contrôlaient.

Selon les éléments rapportés par la chaîne Ennahar, les autorités ont découvert des montants vertigineux accumulés dans les comptes des membres du réseau. En réponse à cette fraude de grande ampleur, la police a gelé ces fonds, estimés à plusieurs milliards de dinars, empêchant ainsi leur dissipation. Il s’agit là d’un coup de filet majeur, qui démontre la montée en puissance de la cybercriminalité dans le pays, mais aussi les efforts déployés pour la contrer.

Les individus arrêtés ont tous été présentés devant le procureur de la République, qui n’a pas tardé à transmettre le dossier au juge d’instruction pour la suite de la procédure judiciaire. Une instruction qui devrait permettre de faire toute la lumière sur le mode opératoire, le rôle précis de chaque membre et l’ampleur réelle du préjudice subi par les victimes. Ces dernières sont aujourd’hui nombreuses à réclamer justice, certaines ayant vu leurs économies s’envoler en un simple clic.

L’affaire révèle également une faille persistante dans la sensibilisation des citoyens aux dangers du commerce en ligne non sécurisé. Bien que les autorités et Algérie Poste aient à plusieurs reprises mis en garde contre la divulgation d’informations personnelles et financières, notamment les numéros de carte ou les codes confidentiels, ces recommandations peinent encore à être appliquées dans la pratique par une partie de la population. L’usage de la carte Edahabia, pourtant sécurisée dans son principe, devient un maillon faible dès lors que l’utilisateur n’en maîtrise pas les usages ou tombe dans le piège d’une offre trop belle pour être vraie.

Ce coup de filet aura au moins le mérite de rappeler l’importance de la vigilance, dans un contexte où les escroqueries numériques se font toujours plus sophistiquées. L’exploitation des canaux de commerce électronique par des criminels motivés et bien organisés montre qu’aucune technologie, aussi sécurisée soit-elle, ne peut protéger un utilisateur imprudent. Le démantèlement de ce réseau à Sétif doit donc servir de leçon collective : à l’ère numérique, la prudence est devenue un réflexe vital.

Désormais, les regards se tournent vers la justice, qui devra trancher et statuer sur le sort des vingt-cinq mis en cause. Pour les victimes, c’est aussi l’espoir de voir leurs droits reconnus et, dans certains cas, de récupérer une partie de leurs fonds. Quant à la carte Edahabia d’Algérie Poste, elle reste au cœur de l’attention, non pas en tant qu’outil de fraude, mais en tant que symbole d’un système qui, s’il est mal utilisé, peut se retourner contre ses propres utilisateurs.