« Elles seront dites » : suspendu à cause de l’Algérie, Jean-Michel Aphatie défie la France

Aphatie Jean-Michel

Le journaliste Jean-Michel Aphatie, suspendu par la chaîne RTL après avoir tenu des propos sur la colonisation de l’Algérie, a finalement brisé le silence. Sur la plateforme X, il a réagi à la vague de critiques provenant principalement de la droite et de l’extrême droite françaises. Lors de sa chronique du 25 février, il avait affirmé que « la France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie », une déclaration appuyée par de nombreuses sources historiques, mais qui a suscité une levée de boucliers dans certains cercles politiques et médiatiques.

Dans un long message, il a exprimé sa gratitude envers ceux qui l’ont soutenu : « J’ai été très critiqué ces derniers jours, et aussi très soutenu par d’innombrables personnes, diverses et informées de la réalité historique. Je remercie ici celles et ceux qui m’ont adressé des messages de sympathie et de compréhension. Les autres, je ne les remercie pas. » Il a également souligné que « beaucoup d’historiens de la période de la conquête algérienne ont été sollicités. Tous m’ont donné raison sur la réalité des faits ».

Son indignation face à l’emprise croissante de « Bolloréland » sur le paysage médiatique français est palpable. « J’ai été roulé dans le mépris et l’injure par le Bolloréland. Cyril Hanouna m’a insulté. C’est un réflexe. Pascal Praud m’a insulté. C’est corporate. Le Figaro a rejoint le Bolloréland », a-t-il expliqué. Cyril Hanouna, sur Europe 1, avait qualifié ses propos de « peut-être ce qu'[il a] entendu de plus grave depuis très longtemps à la radio ou à la télé ».

Dans le monde politique, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dénoncé « une insulte à tous les rapatriés d’Algérie », tandis qu’Éric Ciotti, député de l’Union des droites pour la République, a parlé de « propagande indigéniste » et réclamé des sanctions de l’Arcom. Pourtant, Aphatie souligne que « j’ai été suspendu professionnellement, ce qui ne m’était jamais arrivé. Certains remarquent qu’en dix ans de provocations et de remarques méprisantes et injurieuses – ‘votre mère aurait dû vous appeler Corinne’ -, malgré des condamnations judiciaires qui ont fait de lui un délinquant, Éric Zemmour n’a jamais été suspendu par une entreprise de presse. Il a au contraire été promu. »

Jean-Michel Aphatie s’est également attaqué à la vision réductrice de la colonisation défendue par certains politiques. Marine Le Pen, par exemple, a récemment déclaré : « Venir dire que la colonisation a été un drame pour l’Algérie, ça n’est pas vrai. » Aphatie réplique : « J’aurais pu lui envoyer deux ou trois livres sur la question. Je ne l’ai pas fait. » Il s’étonne par ailleurs qu’en France, des écoles portent encore le nom de figures associées aux crimes coloniaux : « Une école maternelle parisienne porte toujours le nom de Lamoricière, un général de la conquête d’Algérie que Charles-André Julien, un des historiens de référence de la période, a qualifié ainsi : ‘Le plus inhumain de tous les grands chefs d’Afrique.’ Que des enfants de France soient scolarisés dans un lieu portant le nom d’un criminel de guerre est sidérant. »

Le débat s’est amplifié lorsque l’Arcom a été saisie après le passage d’Aphatie à l’antenne. Lors de cette émission, il avait expliqué que « la France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie » et que « les nazis se sont comportés comme nous l’avons fait en Algérie ». Il a décrit les enfumades, une méthode employée par l’armée française dès les années 1840 : « Ce que nous avons fait, c’est que les villageois algériens se réfugiaient dans des grottes, on a muré les grottes, on a mis du bois devant les grottes, on a allumé le feu et on les a asphyxiés. » Cette pratique, consistant à allumer des feux devant les entrées des grottes pour asphyxier les civils, préfigure selon lui des méthodes d’extermination plus modernes.

Malgré le tollé, Jean-Michel Aphatie maintient sa position et promet de poursuivre son combat pour la vérité historique. « Il y a encore beaucoup de choses à dire sur le sujet. Elles seront dites », a-t-il conclu sur X. Son retour à l’antenne est annoncé pour la semaine prochaine, mais le débat autour de la liberté d’expression et du traitement de l’histoire coloniale en France est loin d’être clos.

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